mercredi 27 janvier 2010

*** Des fibroblastes aux neurones directement : les cellules iN

NB : Pourquoi ces étoiles avant un titre ? Dans un monde toujours plus pressé, chacun veut aller au plus important. Je noterai donc désormais l'importance de mes billets avec ce système d'étoile. Trois étoiles : pas de chance, c'est à lire absolument !

Je vous parle régulièrement de reprogrammation avec les cellules iPS. On sait maintenant faire cela très bien. Ce qu'on maîtrise moins bien, c'est la redifférenciation des cellules iPS en divers types cellulaires. Une autre solution consiste à utiliser la transdifférenciation, ce processus qui permet à une cellule différenciée d'adopter un autre état tout aussi différencié, sans passer par une phase de reprogrammation et un état non différencié de cellule souche.
Des chercheurs de l'université de Stanford viennent de montrer comment passer de cellules du tissu conjonctif appelées fibroblastes à des neurones avec juste trois facteurs de transcription. Une étude parue aujourd'hui dans Nature montre que les facteurs Ascl1, Brn2 (aussi appelé Pou3f2) et Myt1l suffisent pour transformer des fibroblastes en neurones capables de former des connexions fonctionnelles, le tout en l'espace de trois à cinq jours et avec une efficacité de transformation en neurones de l'ordre de 20%, un taux largement supérieur à ce qui est obtenu pour les cellules iPS. Leur démarche a été calquée sur celle de Yamanaka lorsqu'il démontra qu'on pouvait reprogrammer des cellules différenciées en cellules souches appelées cellules iPS : ils ont pris une vingtaine de gènes candidats et essayé de très nombreuses combinaisons jusqu'à trouver le trio qui va certainement devenir célèbre, Ascl1, Brn2 et Myt1l. Ces neurones ont été immédiatement appelés cellules iN, en référence aux cellules iPS.
Cette étude a été réalisée chez la souris à partir de cellules fœtales ou prélevées peu de temps après la naissance. Si on se réfère aux progrès très rapides qui ont été faits avec les cellules iPS, on peut parier sans grand risque que ces résultats seront rapidement transposés à l'homme avec des cellules prélevées chez des adultes.

Ce que cela signifie
C'est une découverte primordiale pour plusieurs raisons. La première est qu'on ne passe pas, pour autant que l'on sache, par un état dédifférencié. Ces cellules iN sont donc probablement incapables d'induire la formation d'une tumeur et d'un cancer, contrairement aux cellules souches embryonnaires ou aux cellules iPS si elles sont mal redifférenciées.
D'autre part, cela donne accès à une nouvelle méthode pour générer des neurones. Or nombre de maladies affectent les neurones, notamment Alzheimer et Parkinson. Cette méthode devrait permettre de générer facilement des modèles cellulaires pour ces maladies en prélevant des cellules chez des patients atteints, sans même avoir à passer par le stade de cellules iPS.
Enfin, c'est une démonstration supplémentaire de la très grande versatilité des cellules différenciées. Nul doute que de nouveaux travaux apporteront de plus en plus de ces "cocktails magiques" permettant de transformer un type cellulaire en un autre type cellulaire.
En bref, c'est un clou de plus dans le cercueil des cellules souches embryonnaires.

1 commentaire:

Oli07 a dit…

Ce n'est pas trois mais 5 étoiles qu'il convient d'attribuer à cet article.
Espérons que cette découverte finira par produire ce que vous dites à la fin. Mais les scientifiques ont parfois la tête dure...
Merci pour ce trois étoile.