lundi 11 janvier 2010

Photosynthèse animale et macroévolution

Il y a un an, je vous parlais d'Elysia chlorotica, l'étrange bestiole capable de faire de la photosynthèse. Cette limace de mer se nourrit d'algues et digère tout sauf les chloroplastes qu'elle garde précieusement dans ses cellules intestinales pendant plusieurs mois. Elle est ainsi capable de faire de la photosynthèse comme un végétal. On savait déjà qu'au moins un gène nucléaire de l'algue avait été acquis par Elysia chlorotica. Mais il faut pouvoir régénérer un certain nombre de composants, dont le pigment photosynthétique, la chorophylle. Il a été annoncé récemment qu'Elysia chlorotica était capable de synthétiser la chlorophylle, même en l'absence d'algues. Elle posséderaient donc plusieurs des gènes nécessaires pour cela et ils seraient présents dans le génome nucléaire d'Elysia chlorotica. On serait donc bien face à un cas nouveau d'endosymbiose.

Un cas d'endosymbiose secondaire ?
La théorie endosymbiotique a été proposée par Lynn Margulis dans les années 1960 : les mitochondries et les chloroplastes seraient des bactéries que les cellules eukaryotes auraient adoptées pour en faire leurs centrales énergétiques. Un trait particulier de cette adoption est que ces organites (mitochondries et chloroplastes) conservent une partie de leur patrimoine génétique, le reste étant intégré au génome nucléaire de la cellule eukaryote. S'il est confirmé que plusieurs gènes des chloroplastes algaires se retrouvent dans le génome des cellules d'Elysia chlorotica, on est face à une situation tout à fait inédite de combinaison animal-végétal. Une première endosymbiose permet à l'algue d'être photosynthétique, puis l'adoption des chloroplastes par Elysia chlorotica, dans un cas d'endosymbiose secondaire, permet à un animal de devenir à son tour photosynthétique.


Un exemple possible de macroévolution
Un des arguments majeurs des théories créationnistes ou de l'Intelligent Design, c'est l'absence et l'impossibilité de la macroévolution ; c'est-à-dire qu'on a jamais vu une espèce se transformer en une autre espèce radicalement différente. Et pourtant, Elysia chlorotica répondrait exactement à ce critère : un animal qui devient capable de faire de la photosynthèse, ce n'est tout de même pas banal. On pourrait même parler de méga-évolution, car passer du règne animal au règne végétal, je ne vois pas bien ce qu'on peut demander de plus !
D'autant que ce serait le début d'un nouveau règne, hybride entre animal et végétal. Un animal a besoin de matière organique pour se nourrir, une plante fabrique cette matière organique à partir d'eau et de CO2. Alors un animal capable de fabriquer de la matière organique, le tout arrivant sous nos yeux, c'est tout simplement extraordinaire.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

L'espoir fait vivre...
Ou comment les hypothèses des uns deviennent les dogmes des autres à coups de documentaires...fiction.


Si évolution il y a, il y a fort à parier qu'elle soit dégénéréscente et non progressiste.

Albert Barrois a dit…

J'ai du mal à vous suivre quand vous parler d'évolution dégénérescente à propos d'un animal qui se met à faire de la photosynthèse. Si passer de consommateur de ressources (un animal) à producteur de ces mêmes ressources (une plante) c'est de la dégénérescence, j'en perds mon latin.

Anonyme a dit…

Comme l'a dit Olio7 sur les cellules souches embryonnaires le pb est que les scientifiques ont souvent la tête dure ! (Ne pas le prendre mal, c'est une boutade plutôt réaliste !) Moi je suis prof et les profs sont très susceptibles. C'est souvent très vrai !

N'est-il pas vrai qu'à propos de "l'évolution", les scientifiques s'arrêtent souvent à leurs hypothèses pour en déduire des conclusions ? Et cela ne me parait pas scientifique mais idéologique...

Et désolé, nous sommes susceptibles et aussi têtus ! ;-)

Anonyme a dit…

Et sans être un spécialiste, il me semble que l'on trouve dans la nature et la vie, INFINIMENT plus d'"organismes" dégénérescents que progressistes, non ?
Je pense à toutes les sortes de maladies dont cancer, sida etc etc...ça tire vers le bas plus que vers le haut et cela me semble plus réaliste comme argument de macroévolution.

Cosaque

Albert Barrois a dit…

@ Cosaque
Les exemples que vous avez choisis sont des maladies affectant un individu et non l'évolution des espèces.
J'ai bien conscience que je ne vous convaincrai pas, et c'est bien dommage. J'avoue volontiers être têtu, ni plus ni moins que les faits ! Allez faire un tour du coté des deux billets suivants : http://albertbarrois.blogspot.com/2009/07/biologie-synthetique-et-evolution-en.html et http://albertbarrois.blogspot.com/2008/12/lvolution-dans-un-tube-essai.html
Ce sont des observations, pas des hypothèses !

Anonyme a dit…

Pour :

http://albertbarrois.blogspot.com/2009/07/biologie-synthetique-et-evolution-en.html

Je vous cite :
"Près de 15 milliards de mutations ont été introduites plus ou moins simultanément - il a pu y avoir plus de mille mutations simultanées dans un génome donné, et non pas séquentiellement comme on le fait d'habitude. Si seules une poignée ont été des mutations induisant un effet positif, elles ont pu être sélectionnées extrêmement rapidement."

et de finir :
"(...) même si on peut encore trouver à redire sur l'aspect strictement stochastique de l'expérience présentée ci-dessus."

Vous le dites vous même, il s'agit ici d'un calcul de probabilité ou le ratio de réussite est extrêmement faible.
Il serait intéressant d'avoir un ratio : combien d'effets positifs pour combien d'effets dégénérescents.


Pour celui là :
http://albertbarrois.blogspot.com/2008/12/lvolution-dans-un-tube-essai.html

Je ne suis pas un spécialiste mais il me semble qu'il doit quand même y avoir une sacrée distinction entre une BACTERIE qui s'ADAPTE (genre résistance aux antibiotiques) et un GENE et au final une ESPECE qui EVOLUE, non ?

Cosaque

Albert Barrois a dit…

1er billet : il est évident que seules de rares mutations vont être bénéfiques. Mais ces bénéfices peuvent être aisément sélectionnés dans les bonnes conditions ce qui était le cas de cette expérience.
2ème billet : manifestement vous ne saisissez pas la portée de cet événement évolutif. Pourtant, se mettre à digérer une nourriture qu'on ne pouvait pas assimiler avant, c'est une immense étape.
Plus généralement : il ne peut y avoir de preuve expérimentale de l'évolution au sens où on l'entend en général, l'expérience demandant un temps très (trop) long par rapport à une vie humaine ; seules les bactéries se reproduisent assez vite. Mais l'évolution des êtres vivants reste la meilleure réponse à l'observation que nous avons tous le même code génétique, et que certains gènes sont conservés chez tous les êtres vivants. On est libre de penser que Dieu a manqué d'imagination en reprenant indéfiniment la même recette mais je préfère de beaucoup la première solution.