J'ai eu l'occasion de le dire déjà plusieurs fois, la vraie preuve qu'on aura complètement reprogrammé une cellule différenciée en cellule zygotique sera l'obtention d'un adulte vivant à partir d'une cellule prise chez un autre adulte. Ce n'est pas encore fait, mais on s'en rapproche. Des chercheurs chinois ont utilisé une astuce technique permettant de démontrer que des cellules reprogrammées, dites iPS (pour "induced pluripotent stem cell") peuvent à elles seules générer un individu adulte capable de se reproduire. L'article a été publié dans Nature et commenté par Nature et Science, ainsi que par de nombreux journaux dans le monde (sauf en France où je n'ai trouvé qu'une malheureuse dépêche AFP).
L'astuce technique consiste à faire fusionner les cellules d'un embryon de quelques jours de façon à obtenir des cellules tétraploïdes. Ces cellules ne peuvent plus donner naissance à un individu, mais seulement aux tissus extraembryonnaires comme le placenta. On peut en revanche ajouter alors des cellules souches embryonnaires ou des cellules iPS qui vont générer les tissus embryonnaires et une souris adulte. C'est donc la preuve définitive que certaines cellules iPS sont équivalentes aux cellules souches embryonnaires. Tout dépend de la reprogrammation qui doit être complète.
Considérations éthiques
Si des cellules iPS peuvent générer un embryon, doit-on considérer qu'elles sont elles-mêmes des embryons ? La réponse est non pour plusieurs raisons.
La première est que la seule cellule isolée que l'on peut appeler embryon est la cellule issue d'une fécondation ou du clonage par transfert nucléaire. Il s'agit du zygote qui est totipotent. Les cellules iPS, pas plus que les CSE, ne peuvent pas générer les tissus extraembryonnaires, ce ne sont donc pas des zygotes.
Le deuxième vient de l'origine des cellules iPS. On ne passe à aucun moment pas un stade embryonnaire. Elles sont issues de la reprogrammation de cellules différenciées et ne nécessitent pas la destruction d'un embryon, au contraire des CSE (au bémol près qu'on sait aujourd'hui isoler une seule cellule d'un embryon au stade blastocyste sans détruire cet embryon).
Une nouvelle façon de faire du clonage
Le fait de ne pas pouvoir générer les tissus extraembryonnaires est-il suffisant ? Car après tout ils ne sont par définition pas une partie de l'embryon lui-même. Oui, car c'est la preuve que les cellules iPS ne sont "que" pluripotentes et non pas totipotentes. C'est seulement quand on les met dans le contexte d'un embryon déjà formé qu'elles peuvent générer les tissus embryonnaires. C'est donc cet acte là qui serait condamné si on tentait d'utiliser cette technique pour produire un clone humain, mais pas la reprogrammation de cellules différenciées en cellules iPS elle-même.
Ce pourrait être en revanche à l'avenir une bonne méthode pour générer des clones chez les animaux, en se passant du transfert nucléaire.
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