Les enfants maltraités gardent toute leur vie des marques psychologiques de leur enfance malheureuse, cela semble hélas évident. Ce que démontre une récente étude publiée dans la revue Nature Neuroscience, c'est que les marques vont s'imprimer jusque dans l'ADN de l'enfant par des modifications épigénétiques.
Des études précédentes avaient démontré que de jeunes rats délaissés par leur mère accumulaient plus de groupes méthyl sur le promoteur du gène codant un récepteur pour les hormones glucocorticoïdes. La méthylation de l'ADN est une modification épigénétique bien connue qui induit le plus souvent une répression des gènes voisins de ces modifications. Dans le cas de ces récepteurs cela a pour conséquence une potentielle augmentation de la réponse à un stress.
Des chercheurs canadiens de l'Université McGill de Montréal ont examiné des échantillons de cerveaux de personnes s'étant suicidé, et ont découvert que celles qui avaient été maltraitées pendant leur enfance avait un profil de méthylation du récepteur NR3C1 similaire à celui des jeunes rats abandonnés. Et ils exprimaient moins de récepteurs aux glucocorticoïdes ce qui implique une réponse plus forte en cas de stress. En revanche ce profil n'a pas été trouvé chez les personnes non maltraitées pendant leur enfance, qu'elles soient décédées de mort naturelle ou suicide.
Le rôle du contrôle épigénétique
Cet article illustre l'importance croissante accordée aux modifications secondaires de l'ADN au cours de la vie. Je n'ai encore que peu parlé de l'épigénétique sur ce blog (sauf ici), mais c'est certainement un phénomène que l'on comprend de mieux en mieux et qui modifie sensiblement notre façon de comprendre le "programme" génétique, davantage susceptible d'être modifié qu'on ne le croyait. Et bien sûr il révèle l'importance de l'environnement dans lequel les enfants grandissent, mais cela est vrai même sans modifications épigénétiques.
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