mardi 2 décembre 2008

Mgr Suaudeau ; Académie Pontificale pour la Vie

Dans une très brillante intervention, Mgr Suaudeau a voulu montrer que le développement embryonnaire est essentiellement dû à des phénomènes épigénétiques, bien plus qu’au déroulement d’un programme génétique préétabli. Sa conclusion : « Le développement embryonnaire est épigénétique ».
Par épigénétique, on entend des modifications de la structure de l’ADN et de la chromatine qui permettent de réguler l’expression des gènes. Le rôle essentiel de l’épigénétique est démontré par le clonage de Dolly, et tous ceux qui ont suivi. En effet le simple fait de placer le noyau d’une cellule différenciée dans un environnement dédifférencié, à savoir le cytoplasme d’un oocyte, suffit à reprogrammer ce noyau pour lui redonner sa totipotence. Il n’y a aucune modification du génome au sens de mutations, mais plusieurs dé-modifications de la structure de l’ADN (dé-méthylation des ilôts CpG, dé-acétylation des histones, etc). Je cite « Le clonage nous a ouvert les yeux sur le processus de reprogrammation ». Cependant, le clonage marche mal car la reprogrammation est imparfaite ; en effet, le noyau d’une cellule différencié n’est pas du tout préparé à être reprogrammé par l’oocyte où il va être placé.
Dans la deuxième partie de son exposé, Mgr Suaudeau s’est attaché à montrer qu’il fallait quitter la vision du tout-génome où se déroule un plan pré-établi strictement déterminé par les gènes dont on hérite, pour une vision épigénétique du développement embryonnaire. Il a fait appel à un principe « fort et souple » qui permet d’organiser le groupe de cellules qu’est un embryon précoce. On passe de l’ADN roi à la notion d’organisme : « Tout se passe comme si ce principe directeur existait réellement ». Ce principe directeur, qu’il voit dans l’épigénétique, permettrait également d’expliquer l’évolution.

Commentaire
De cette brillante intervention, il ne faudrait pas conclure que la notion de programme génétique est morte. Une preuve souvent dramatique se trouve dans les maladies génétiques. Nulle épigénétique ne permettra d’empêcher la développement de la maladie de Huntington si vous êtes porteur des répétitions de tri-nucléotides affectant le gène impliqué dans cette maladie.
D’autre part, Mgr Suaudeau est resté un peu évasif à mon sens sur sa notion de principe directeur. Ce principe est-il purement biologique ? Il n’y aurait dans ce cas aucun mystère dans l’épigénétique. Ou bien est-ce une forme de vitalisme bergsonien ? Ou encore, doit-on y voir la présence de Dieu dans sa création comme le rappelait Benoît XVI récemment dans son message à l’assemblée générale de l’Académie Pontificale des Sciences consacrée à la question de l’évolution ?

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