J'ai écrit le 15 janvier que les embryons hybrides humain-non humain étaient "KO". Je ne savais pas encore que le coup de grâce serait donné si rapidement, et par nul autre que Robert Lanza, d'Advanced Cell Technology, une société américaine travaillant sur les cellules souches humaines embryonnaires ou adultes (et accessoirement proche de la faillite en juillet 2008 mais qui a survécu pour le moment). Ils s'entrainent à générer des embryons hybrides entre différentes espèces depuis bientôt 10 ans. Pourtant toutes leurs tentatives pour faire des hybrides avec des cellules humaines ont échoué, que ce soit homme-lapin, homme-souris ou homme-vache, les embryons ne dépassant pas le stade 16 cellules et n'exprimant pas les gènes indiquant une pluripotence (comme Oct4 et Sox2 que les lecteurs connaissent désormais bien !). Pourtant le contrôle réalisé en utilisant la même technique mais en introduisant un noyau humain dans un oocyte humain a fonctionné normalement - je passe sur la nature éthique de ce contrôle. Quant aux hybrides homme-souris, ils n'ont pas dépassé le stade 2 cellules. Source : Chung et al, Cloning and Stem Cells. Ahead of print.
Je voudrais maintenant tirer deux leçons de cette histoire.
Pourra-t-on cloner des espèces disparues ?
Cet article rend tous les espoirs de résurrection d'espèces disparues encore plus ténus qu'auparavant. En effet, il semble qu'on ne pourra produire des embryons hybrides qu'entre espèces très proches. Peut-être qu'on pourra faire un hybride mammouth-éléphant, mais pour les dinosaures... D'ailleurs un exemple récent peut illustrer ce propos. Des scientifiques espagnols ont récemment tenter de cloner le bouquetin des Pyrénées ( dont la dernière représentante est morte en 2000. Ils ont réussi à obtenir une femelle en faisant des hybrides entre Cela pourrait être dû au processus de clonage lui-même, ou bien à l'incompatibilité des deux espèces rendant impossible la création d'un hybride viable par clonage.
En France, va-t-on autoriser les hybrides ?
Les embryons hybrides, ou cybrides comme les appelle les britanniques (pour cytoplasmic hybrid), pourraient être autorisés en France dans le cadre de la révision des lois de bioéthique. Le débat qui a eu lieu sur ce sujet récemment au Parlement est très clair si on consulte les conclusions du rapport parlementaire (tome I, page 219) :
"Il conviendrait de (...) débattre de l’autorisation de la transposition nucléaire inter espèces sous réserve d’interdire l’utilisation d’ovocytes humains et l’implantation du cybride, et de
limiter le développement du cybride à 14 jours".
Autrement dit, on envisage d'autoriser une technique qui est déjà obsolète... Je mets au défi quiconque de me démontrer que les embryons hybrides homme-animaux pourront apporter quoique ce soit d'utile dans les prochaines années. La preuve : la technique existerait depuis 2003 pour un hybride homme-lapin (Chen et al, Cell Res. 13, 251–263) mais à ce jour personne n'a été capable de reproduire ce résultat. À comparer avec les progrès fantastiques accomplis dans la reprogrammation depuis 2006. Et je ne parle pas de résultats thérapeutiques, mais de recherche fondamentale.
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