Cette histoire aurait fait les délices de Chesterton : il y est question de la Royal Society, de créationnisme, de prix Nobel réclamant des démissions, de reportages biaisés par les journalistes, d’un procès à charge sans que l’accusé puisse se défendre etc.
Gènéthique s’est fait l’écho le 12 septembre, d’une nouvelle surprenante : « Selon la Royal Society de Londres, le créationnisme devrait être inséré dans les cours de sciences et enseigné comme un point de vue légitime. »
Soyez rassurés, il n'en est finalement rien. Reprenons le fil de cette histoire. Le 11 septembre, les journaux britanniques rapportent que le Révérend Professeur Michael Reiss - il est Professeur et prêtre de l’église anglicane mais également directeur du département Éducation à la Royal Society - avait dit que le créationnisme devait être enseigné à l’école, d'où la note de Gènéthique. Parlant à l’occasion d’un festival des sciences, il aurait défendu l’idée que le créationnisme pouvait être discuté pendant les cours de science. Les 15 et 16 septembre, les journaux reçoivent des lettres de Michael Reiss publiées dans le courrier des lecteurs, dénonçant la façon dont ses propos ont été rapportés (voir par exemple le Guardian et le Daily Telegraph). Il y écrit que le créationnisme n’est pas une science, mais qu’il faut bien répondre aux questions des élèves quand ils abordent le sujet.
Mais entre temps, plusieurs personnalités scientifiques dont trois prix Nobel (Harry Kroto, Richard Roberts et John Sulston) réclament, et obtiennent, la tête de Michael Reiss. Il est forcé de démissionner de son poste de directeur de l’éducation par la Royal Society le 15 septembre, malgré ses protestations d’innocence.
Le plus extraordinaire est que la Royal Society reconnaît que les propos exacts de Michael Reiss ne sont pas en cause. En revanche, elle considère que sa réputation a souffert de cette histoire, et a donc réclamé la démission de Reiss... Cet extraordinaire chef-d'œuvre d'hypocrisie est visible sur son propre site. Comme l’ont fait remarquer certains, Galilée avait eu droit à un procès, lui. En revanche, il semble que la Royal Society, qui se vante d’être la plus ancienne organisation scientifique au monde, peut se passer de la défense quand il s’agit de faire un procès à quelqu'un soupçonné de créationnisme. Ce qui est sûr, c'est que sa réputation qu'elle voulait tant défendre est maintenant pour le moins compromise, comme le suggère un récent éditorial de Nature.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire