Pourquoi la plupart des chercheurs, même ceux travaillant sur les cellules souches adultes, réclament-ils de pouvoir aussi travailler sur les cellules souches embryonnaires ? La réponse à cette question est très simple : parce qu’une cellule vieillit. Donc une cellule souche adulte sera toujours moins performante qu’une cellule souche embryonnaire. Et il y a dans les tissus d’un embryon/fœtus/très jeune enfant proportionnellement beaucoup plus de cellules souches que chez un adulte. Pourquoi a-t-on des dernières années découvert les caractéristiques étonnantes du sang du cordon ombilical ou du liquide amniotique ? Ce ne sont pas des propriétés intrinsèques de ces tissus, mais tout simplement l’origine encore récente de leurs cellules. En effet, la cellule « parfaite » est le zygote car il est issu de la fusion de deux cellules germinales qui ont des protections spéciales contre le vieillissement. Dès la première division du zygote, le vieillissement commence : les chromosomes vont s’altérer, l’ADN va accumuler des mutations, etc. Il est donc hélas parfaitement logique de vouloir des cellules souches embryonnaires plutôt qu’adultes, ou des neurones d’origine fœtale plutôt qu’adulte. Il n’y a ni idéologie ni perversité dans ces demandes, seulement un froid pragmatisme. C’est aussi pour cela que le travail sur la reprogrammation a démarré avec des cellules fœtales murines ou humaines : il sera toujours plus facile de reprogrammer une cellule « jeune » qu’une cellule « vieille ». Alors qu’une très grande majorité de la population est pro avortement, il est inutile d’essayer de convaincre un scientifique que la destruction d’un embryon de quelques jours ou l’utilisation d’un cadavre issu d’un avortement sont des actes moralement condamnables. Inutile de parler de loi naturelle à une blouse blanche quand 80% des gens sont prêts à supprimer un enfant par tous les moyens dès qu’une difficulté apparaît.
Il y a cependant un argument pragmatique susceptible de faire pencher la balance en faveur des cellules souches adultes ou de la reprogrammation. Le but ultime de la thérapie cellulaire est de pouvoir générer toutes sortes de tissus pour un patient à partir de ses propres cellules afin d’avoir une compatibilité parfaite du point de vue immunitaire. Pour cela, seules trois techniques sont envisageables à l’heure actuelle : le clonage thérapeutique, l’isolement de cellules souches adultes et la reprogrammation de cellules adultes en cellules pluripotentes (cellules iPS). La première se heurte cependant à un obstacle de taille qui est la difficulté d’obtenir des oocytes en grand nombre. Les deux autres devraient donc à terme rendre le clonage thérapeutique inutile si la recherche progresse encore sur ces solutions. Ian Wilmut, le père de Dolly, a lui-même reconnu cela en abandonnant le clonage l'année dernière.
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2 commentaires:
Je vous félicite. Mais j'ai quand même une question qui subsiste. Prenons exemple des cellules de la peau. Certes elles se divisent pour former des cellules "neuves". Mais notre peau vieillit quand même. Pourquoi ? Est-ce parce que lors de la division, la cellule fille a copié l'information génétique de la cellule mère qui avait été préalablement dégradé par une autre division ? Si c'est le cas, la cellule fille aura donc un nombre de division plus petit que sa cellule mère. Cette théorie tient debout mais je souhaiterais avoir la vraie raison du vieillissement cutané... Merci de me répondre
@ Corentin
Désolé d'avoir mis plusieurs jours à répondre. Notre peau vieillit surtout pour d'autres raisons que les divisions cellulaires. Pour une réponde très détaillée et sérieuse je vous invite à consulter le lien suivant : http://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie/peau-et-vieillissement-3536.html.
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