Cela peut vous paraître bizarre mais nombreuses sont les personnes qui pensent que Christophe Colomb est parti en voyage pour démontrer que la terre était ronde. Et qu'au Moyen-Âge on enseignait que la terre était plate. James Hannam consacre peu de temps à cette histoire absurde mais il révèle quelques points intéressants.
Le premier est que ce mythe aurait été inventé à cause de Francis Bacon qui prétendit à tort que certains géographes avaient été brûlés pour avoir dit que la terre était ronde (p35 de l'édition brochée). C'est au XIXe siècle que le mythe de la croyance à la terre plate se répandit, notamment à cause d'une biographie de Christophe Colomb par Washington Irving publiée en 1830. Il y prétendait que Colomb voulait démontrer que la terre était ronde et que l'Église, ses prêtres et son inquisition s'étaient opposés à lui. Quarante ans plus tard presque tout le monde en était convaincu (voir l'article de James Hannam sur son blog). On peut certes trouver quelques rares cas de personnes pensant que la terre était plate pendant l'Antiquité tardive mais la plupart des érudits savaient que la terre était ronde bien avant le Xe siècle.
Une seconde remarque est très simple : le "globus cruciger" utilisé pendant tout le Moyen-Âge pour représenter la domination du Christ sur la terre montre une terre qui est indéniablement ronde et non plate... La première représentation du globe surmonté d'une croix daterait de 423. La photo représente une pièce du temps de l'empereur byzantin Leontius vers 705.
Prochain article : le mythe de la terre au centre de l'univers.
mercredi 24 novembre 2010
lundi 15 novembre 2010
God's Philosophers
À votre avis à la fin du XIIIe siècle, avait-on le droit de dire que Dieu pouvait avoir créé plusieurs univers ou encore qu'il avait pu créer plus de trois dimensions ?
Une lecture passionnante me tient en haleine ces jours-ci. Il s'agit d'un livre de James Hannam que j'ai découvert grâce au blog de Nature The Great Beyond. Intitulé God's Philosophers, il a été présélectionné avec quelques autres par la Royal Society pour son prix annuel du livre scientifique. Même si un autre a remporté le prix, c'est déjà un exploit d'en être arrivé là. En effet Hannam n'a d'autre prétention que de démontrer que la révolution scientifique qu'on pense pouvoir dater de la Renaissance a en réalité démarré bien plus tôt. On pourrait dire qu'il fait pour la science du Moyen-Âge ce que Gouguenheim a fait pour les traductions des textes grecs, mais il fait en réalité beaucoup plus que cela. Je vous en dirai plus au fil de ma lecture, mais j'encourage les anglophones à se précipiter pour acheter ce livre.
La prochaine fois je vous parlerai de la "terre plate" et de la "terre au centre de l'univers". Ce n'est pas ce que l'on croit !
James Hannam a un Master du Birkbeck College de l'université de Londres (2003) et un doctorat d'histoire et de philosophie des sciences du Pembroke College de l'université de Cambridge (2008).
J'oubliais : la réponse à la question posée au début est que non seulement on pouvait dire ça mais il était hérétique de prétendre le contraire...
Une lecture passionnante me tient en haleine ces jours-ci. Il s'agit d'un livre de James Hannam que j'ai découvert grâce au blog de Nature The Great Beyond. Intitulé God's Philosophers, il a été présélectionné avec quelques autres par la Royal Society pour son prix annuel du livre scientifique. Même si un autre a remporté le prix, c'est déjà un exploit d'en être arrivé là. En effet Hannam n'a d'autre prétention que de démontrer que la révolution scientifique qu'on pense pouvoir dater de la Renaissance a en réalité démarré bien plus tôt. On pourrait dire qu'il fait pour la science du Moyen-Âge ce que Gouguenheim a fait pour les traductions des textes grecs, mais il fait en réalité beaucoup plus que cela. Je vous en dirai plus au fil de ma lecture, mais j'encourage les anglophones à se précipiter pour acheter ce livre.
La prochaine fois je vous parlerai de la "terre plate" et de la "terre au centre de l'univers". Ce n'est pas ce que l'on croit !
James Hannam a un Master du Birkbeck College de l'université de Londres (2003) et un doctorat d'histoire et de philosophie des sciences du Pembroke College de l'université de Cambridge (2008).
J'oubliais : la réponse à la question posée au début est que non seulement on pouvait dire ça mais il était hérétique de prétendre le contraire...
Florilège de la saint Albert
Après avoir été très plate en nouvelles - car je n'oublie pas le débat sur la bioéthique - l'actualité scientifique qui intéresse ce blog est devenue ces derniers jours très intéressante.
Commençons par deux nouvelles dont parle Gènéthique : une victoire de la thérapie génique tout d'abord. Elles sont très rares donc il faut les souligner. Il s'agit de deux enfants qui semblent guéris d'une grave maladie, le syndrome de Wiskott-Aldrich qui touche les cellules sanguines. Comme pour les "enfants bulles", ils ont pu être traité en modifiant génétiquement leurs propres cellules souches de la moelle osseuse qui ont ensuite été réimplantées. C'est donc autant une victoire de la thérapie cellulaire que de la thérapie génique. Et une démonstration que pour les cellules sanguines au moins on peut se passer des cellules souches embryonnaires.
La deuxième nouvelle concerne une étude chez la souris montrant qu'on peut compenser un déficit musculaire avec des cellules souches musculaires prélevées chez une autre souris. Les chercheurs insistent beaucoup sur le fait que ces cellules ont permis une récupération musculaire qui a duré toute la vie des souris ainsi traités. Le seul hic : la vie d'une souris n'est pas très longue comparée à celle d'un homme.
Autre information : la tenue du premier colloque européen sur les cellules souches mésenchymateuses à Toulouse du 18 au 20 novembre. Ces cellules souches dont on parle moins sont également trouvées dans la moelle osseuse, comme les cellules souches du sang, ou dans les tissus adipeux. Elles sont donc facilement accessibles et ont de nombreuses fonctions : elle participent au maintien des cellules souches du sang et peuvent se différencier en de nombreux tissus : os, cartilages, cellules adipeuses etc. Elles pourraient même donner des cellules vasculaires, neurales ou cardiaques. Des essais cliniques sont actuellement en cours, y compris en France, pour le traitement de l'arthrose du genou ou de la rupture des ligaments croisés notamment. Source : Journal du CNRS, nov 2010.
Pour vivre 100 ans...
...vivez dans une grotte obscure comme le protée Proteus anguinus, petit amphibien aveugle, blanc et pour tout dire assez laid aussi surnommé le "poisson humain". Mais c'est un modèle très intéressant pour l'étude du vieillissement car aucun des mécanismes permettant de vivre plus longtemps identifiés à ce jour ne semblent à l'œuvre chez cette étrange bestiole. Les premières données sortent d'un centre d'élevage du CNRS créé en 1952 à Moulis dans l'Ariège.
Commençons par deux nouvelles dont parle Gènéthique : une victoire de la thérapie génique tout d'abord. Elles sont très rares donc il faut les souligner. Il s'agit de deux enfants qui semblent guéris d'une grave maladie, le syndrome de Wiskott-Aldrich qui touche les cellules sanguines. Comme pour les "enfants bulles", ils ont pu être traité en modifiant génétiquement leurs propres cellules souches de la moelle osseuse qui ont ensuite été réimplantées. C'est donc autant une victoire de la thérapie cellulaire que de la thérapie génique. Et une démonstration que pour les cellules sanguines au moins on peut se passer des cellules souches embryonnaires.
La deuxième nouvelle concerne une étude chez la souris montrant qu'on peut compenser un déficit musculaire avec des cellules souches musculaires prélevées chez une autre souris. Les chercheurs insistent beaucoup sur le fait que ces cellules ont permis une récupération musculaire qui a duré toute la vie des souris ainsi traités. Le seul hic : la vie d'une souris n'est pas très longue comparée à celle d'un homme.
Autre information : la tenue du premier colloque européen sur les cellules souches mésenchymateuses à Toulouse du 18 au 20 novembre. Ces cellules souches dont on parle moins sont également trouvées dans la moelle osseuse, comme les cellules souches du sang, ou dans les tissus adipeux. Elles sont donc facilement accessibles et ont de nombreuses fonctions : elle participent au maintien des cellules souches du sang et peuvent se différencier en de nombreux tissus : os, cartilages, cellules adipeuses etc. Elles pourraient même donner des cellules vasculaires, neurales ou cardiaques. Des essais cliniques sont actuellement en cours, y compris en France, pour le traitement de l'arthrose du genou ou de la rupture des ligaments croisés notamment. Source : Journal du CNRS, nov 2010.
Pour vivre 100 ans...
...vivez dans une grotte obscure comme le protée Proteus anguinus, petit amphibien aveugle, blanc et pour tout dire assez laid aussi surnommé le "poisson humain". Mais c'est un modèle très intéressant pour l'étude du vieillissement car aucun des mécanismes permettant de vivre plus longtemps identifiés à ce jour ne semblent à l'œuvre chez cette étrange bestiole. Les premières données sortent d'un centre d'élevage du CNRS créé en 1952 à Moulis dans l'Ariège.
dimanche 14 novembre 2010
DISCOURS DU PAPE BENOIT XVI AUX PARTICIPANTS A L'ASSEMBLEE PLENIERE DE L'ACADEMIE PONTIFICALE DES SCIENCES
Jeudi 28 octobre 2010
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous saluer, vous tous ici présents, alors que l’Académie pontificale des sciences se réunit pour son assemblée plénière afin de réfléchir sur le thème: «L’héritage scientifique du XXe siècle». Je salue en particulier Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l’Académie. Je profite également de cette occasion pour rappeler avec affection et gratitude le professeur Nicola Cabibbo, votre regretté président. Avec vous tous, dans la prière, je confie sa noble âme à Dieu, Père de miséricorde.
L’histoire de la science au XXe siècle a connu des conquêtes indiscutables et de grands progrès. Malheureusement, l’image populaire de la science du XXe siècle est parfois caractérisée différemment, de deux façons extrêmes. D’une part, la science est considérée par certains comme une panacée, démontrée par les résultats importants qu’elle a obtenus au siècle dernier. En effet, ses innombrables progrès ont été tellement déterminants et si rapides qu’ils semblaient confirmer l’opinion selon laquelle la science pourrait répondre à toutes les interrogations liées à l’existence de l’homme et même à ses plus hautes aspirations. D’autre part, certains ont peur de la science et s’en éloignent à cause de certains développements qui font réfléchir, comme la construction et l’utilisation terrifiante d’armes nucléaires.
Il est certain que la science n’est définie par aucun de ces deux extrêmes. Son devoir était et demeure une recherche patiente et toutefois passionnée de la vérité sur l’univers, sur la nature et sur la constitution de l’être humain. Dans cette recherche, il y a eu de nombreux succès et des échecs, des victoires et des reculs. Les développements de la science ont été aussi bien exaltants, comme lorsqu’ont été découverts la complexité de la nature et ses phénomènes, qui ont dépassé nos attentes, qu’humiliants, comme lorsque certaines des théories qui auraient pu expliquer ces phénomènes se sont démontrées une fois pour toutes uniquement partielles. Néanmoins, même les résultats provisoires représentent une réelle contribution en vue de dévoiler la correspondance entre l’intellect et les réalités naturelles, sur laquelle les générations successives pourront se fonder pour poursuivre leurs développements.
Les progrès accomplis dans la connaissance scientifique au XXe siècle, dans toutes ses diverses disciplines, a conduit à une conscience résolument accrue de la place que l’homme et cette planète occupent dans l’univers. Dans toutes les sciences, le dénominateur commun continue d’être la notion de l’expérimentation comme méthode organisée pour observer la nature. Au cours du dernier siècle, l’homme a certainement accompli davantage de progrès — sans doute pas toujours dans sa connaissance de lui-même et de Dieu, mais assurément dans sa connaissance des microcosmes et macrocosmes — qu’au cours de toute l’histoire précédente de l’humanité. Chers amis, notre rencontre ici aujourd’hui est la preuve de l’estime de l’Eglise pour la recherche scientifique constante, et de sa gratitude pour les efforts scientifiques qu’elle encourage et dont elle tire profit. De nos jours, les scientifiques eux-mêmes apprécient toujours plus le besoin d’être ouverts à la philosophie s’ils veulent découvrir le fondement logique et épistémologique de leur méthodologie et de leurs conclusions. Pour sa part, l’Eglise est convaincue que l’activité scientifique bénéficie en fin de compte de la reconnaissance de la dimension spirituelle de l’homme et de sa recherche des réponses ultimes qui permettent la reconnaissance d’un monde qui existe indépendamment de nous, que nous ne comprenons pas entièrement et que nous ne pouvons comprendre que dans la mesure où nous percevons sa logique intrinsèque. Les scientifiques ne créent pas le monde; ils apprennent des choses sur lui et tentent de l’imiter, en suivant les lois et l’intelligibilité que la nature nous manifeste. L’expérience du scientifique en tant qu’être humain consiste donc à percevoir une constante, une loi, un logos, qu’il n’a pas créé, mais qu’il a au contraire observé: en effet, cela nous conduit à admettre l’existence d’une raison toute-puissante, qui est différente de celle de l’homme, et qui soutient le monde. Tel est le point de rencontre entre les sciences naturelles et la religion. Par conséquent, la science devient un lieu de dialogue, une rencontre entre l’homme et la nature, et, de façon potentielle, également entre l’homme et son Créateur.
Tandis que nous nous tournons vers le XXIe siècle, je voudrais vous soumettre deux pensées sur lesquelles poursuivre votre réflexion. Tout d’abord, alors que les résultats toujours plus nombreux des sciences accroissent notre émerveillement face à la complexité de la nature, le besoin d’une approche interdisciplinaire liée à la réflexion théologique qui conduise à une synthèse est toujours plus fort. En deuxième lieu, les progrès scientifiques au cours de ce nouveau siècle devraient toujours être guidés par les impératifs de fraternité et de paix, contribuant à résoudre les grands problèmes de l’humanité, et orientant les efforts de chacun vers le bien véritable de l’homme et le développement intégral des peuples du monde. Les résultats positifs de la science du XXIe siècle dépendront certainement dans une large mesure de la capacité du scientifique à rechercher la vérité et à appliquer les découvertes d’une façon qui aille de pair avec la recherche de ce qui est juste et bon.
Avec ces sentiments, je vous invite à tourner votre regard vers le Christ, la Sagesse non créée, et à reconnaître sur son visage, le Logos du Créateur de toutes choses. En renouvelant mes meilleurs vœux pour votre travail, je vous donne avec plaisir ma Bénédiction apostolique.
Jeudi 28 octobre 2010
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous saluer, vous tous ici présents, alors que l’Académie pontificale des sciences se réunit pour son assemblée plénière afin de réfléchir sur le thème: «L’héritage scientifique du XXe siècle». Je salue en particulier Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l’Académie. Je profite également de cette occasion pour rappeler avec affection et gratitude le professeur Nicola Cabibbo, votre regretté président. Avec vous tous, dans la prière, je confie sa noble âme à Dieu, Père de miséricorde.
L’histoire de la science au XXe siècle a connu des conquêtes indiscutables et de grands progrès. Malheureusement, l’image populaire de la science du XXe siècle est parfois caractérisée différemment, de deux façons extrêmes. D’une part, la science est considérée par certains comme une panacée, démontrée par les résultats importants qu’elle a obtenus au siècle dernier. En effet, ses innombrables progrès ont été tellement déterminants et si rapides qu’ils semblaient confirmer l’opinion selon laquelle la science pourrait répondre à toutes les interrogations liées à l’existence de l’homme et même à ses plus hautes aspirations. D’autre part, certains ont peur de la science et s’en éloignent à cause de certains développements qui font réfléchir, comme la construction et l’utilisation terrifiante d’armes nucléaires.
Il est certain que la science n’est définie par aucun de ces deux extrêmes. Son devoir était et demeure une recherche patiente et toutefois passionnée de la vérité sur l’univers, sur la nature et sur la constitution de l’être humain. Dans cette recherche, il y a eu de nombreux succès et des échecs, des victoires et des reculs. Les développements de la science ont été aussi bien exaltants, comme lorsqu’ont été découverts la complexité de la nature et ses phénomènes, qui ont dépassé nos attentes, qu’humiliants, comme lorsque certaines des théories qui auraient pu expliquer ces phénomènes se sont démontrées une fois pour toutes uniquement partielles. Néanmoins, même les résultats provisoires représentent une réelle contribution en vue de dévoiler la correspondance entre l’intellect et les réalités naturelles, sur laquelle les générations successives pourront se fonder pour poursuivre leurs développements.
Les progrès accomplis dans la connaissance scientifique au XXe siècle, dans toutes ses diverses disciplines, a conduit à une conscience résolument accrue de la place que l’homme et cette planète occupent dans l’univers. Dans toutes les sciences, le dénominateur commun continue d’être la notion de l’expérimentation comme méthode organisée pour observer la nature. Au cours du dernier siècle, l’homme a certainement accompli davantage de progrès — sans doute pas toujours dans sa connaissance de lui-même et de Dieu, mais assurément dans sa connaissance des microcosmes et macrocosmes — qu’au cours de toute l’histoire précédente de l’humanité. Chers amis, notre rencontre ici aujourd’hui est la preuve de l’estime de l’Eglise pour la recherche scientifique constante, et de sa gratitude pour les efforts scientifiques qu’elle encourage et dont elle tire profit. De nos jours, les scientifiques eux-mêmes apprécient toujours plus le besoin d’être ouverts à la philosophie s’ils veulent découvrir le fondement logique et épistémologique de leur méthodologie et de leurs conclusions. Pour sa part, l’Eglise est convaincue que l’activité scientifique bénéficie en fin de compte de la reconnaissance de la dimension spirituelle de l’homme et de sa recherche des réponses ultimes qui permettent la reconnaissance d’un monde qui existe indépendamment de nous, que nous ne comprenons pas entièrement et que nous ne pouvons comprendre que dans la mesure où nous percevons sa logique intrinsèque. Les scientifiques ne créent pas le monde; ils apprennent des choses sur lui et tentent de l’imiter, en suivant les lois et l’intelligibilité que la nature nous manifeste. L’expérience du scientifique en tant qu’être humain consiste donc à percevoir une constante, une loi, un logos, qu’il n’a pas créé, mais qu’il a au contraire observé: en effet, cela nous conduit à admettre l’existence d’une raison toute-puissante, qui est différente de celle de l’homme, et qui soutient le monde. Tel est le point de rencontre entre les sciences naturelles et la religion. Par conséquent, la science devient un lieu de dialogue, une rencontre entre l’homme et la nature, et, de façon potentielle, également entre l’homme et son Créateur.
Tandis que nous nous tournons vers le XXIe siècle, je voudrais vous soumettre deux pensées sur lesquelles poursuivre votre réflexion. Tout d’abord, alors que les résultats toujours plus nombreux des sciences accroissent notre émerveillement face à la complexité de la nature, le besoin d’une approche interdisciplinaire liée à la réflexion théologique qui conduise à une synthèse est toujours plus fort. En deuxième lieu, les progrès scientifiques au cours de ce nouveau siècle devraient toujours être guidés par les impératifs de fraternité et de paix, contribuant à résoudre les grands problèmes de l’humanité, et orientant les efforts de chacun vers le bien véritable de l’homme et le développement intégral des peuples du monde. Les résultats positifs de la science du XXIe siècle dépendront certainement dans une large mesure de la capacité du scientifique à rechercher la vérité et à appliquer les découvertes d’une façon qui aille de pair avec la recherche de ce qui est juste et bon.
Avec ces sentiments, je vous invite à tourner votre regard vers le Christ, la Sagesse non créée, et à reconnaître sur son visage, le Logos du Créateur de toutes choses. En renouvelant mes meilleurs vœux pour votre travail, je vous donne avec plaisir ma Bénédiction apostolique.
lundi 8 novembre 2010
***iBlood
En janvier, je vous ai parlé des cellules iN, ces cellules nerveuses fabriquées à partir de cellules adultes sans passer par un stade cellule souche. En août, ce fut le tour des cellules iCM qui sont des cellules cardiaques directement issues de cellules adultes à nouveau sans passer par des cellules souches. À chaque fois un cocktail de gènes bien précis suffit à induire la transdifférenciation de cellules adultes en autres cellules adultes, avec un avantage majeur : en s'affranchissant du passage par l'état "cellule souche" on évite les risques de cancer liés à la capacité de ces cellules à se diviser sans fin. En effet les cellules fabriquées ici n'induisent pas de tératomes dans des souris immunodéprimées, alors que les cellules souches embryonnaires comme les cellules iPS en induisent.
Aujourd'hui c'est au tour des cellules sanguines, d'où le titre de ce billet. La revue Nature a publié un article d'une équipe canadienne qui a réalisé cet exploit. Et pour la première fois il s'agit de cellules humaines de la peau qui sont transformées en cellules dites "progénitrices", autrement dit un état intermédiaire entre les cellules souches et les cellules différenciées, les cellules progénitrices pouvant donner naissance à plusieurs types de cellules différenciées. Dans l'étude publiée aujourd'hui, les cellules générées à partir de la peau peuvent donner des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes. Il a suffit pour cela d'introduire le gène Oct4 (un des quatre facteurs identifiés par Yamanaka) et de baigner les cellules dans un milieu ad hoc.
Les cocktails de gènes, l'avenir de la médecine régénératrice sans cellules souches
C'est désormais trois types cellulaires très différents qu'on peut fabriquer avec un cocktail de gènes chaque fois différent, sans passer par l'étape "cellule souche". Il était donc légitime d'écrire dès janvier : "Nul doute que de nouveaux travaux apporteront de plus en plus de ces cocktails magiques permettant de transformer un type cellulaire en un autre type cellulaire. En bref, c'est un clou de plus dans le cercueil des cellules souches embryonnaires." En France jusqu'à aujourd'hui, presque personne n'en a parlé, à l'exception notable de Pierre-Olivier Arduin dans la lettre Décryptage. La nouvelle d'aujourd'hui a fini par atterrir dans quelques journaux grâce à une dépêche de l'AFP. Mais alors que la révision des lois de bioéthique sera bientôt discutée au Parlement, une telle nouvelle devrait remettre en cause l'utilité de la recherche sur l'embryon.
Aujourd'hui c'est au tour des cellules sanguines, d'où le titre de ce billet. La revue Nature a publié un article d'une équipe canadienne qui a réalisé cet exploit. Et pour la première fois il s'agit de cellules humaines de la peau qui sont transformées en cellules dites "progénitrices", autrement dit un état intermédiaire entre les cellules souches et les cellules différenciées, les cellules progénitrices pouvant donner naissance à plusieurs types de cellules différenciées. Dans l'étude publiée aujourd'hui, les cellules générées à partir de la peau peuvent donner des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes. Il a suffit pour cela d'introduire le gène Oct4 (un des quatre facteurs identifiés par Yamanaka) et de baigner les cellules dans un milieu ad hoc.
Les cocktails de gènes, l'avenir de la médecine régénératrice sans cellules souches
C'est désormais trois types cellulaires très différents qu'on peut fabriquer avec un cocktail de gènes chaque fois différent, sans passer par l'étape "cellule souche". Il était donc légitime d'écrire dès janvier : "Nul doute que de nouveaux travaux apporteront de plus en plus de ces cocktails magiques permettant de transformer un type cellulaire en un autre type cellulaire. En bref, c'est un clou de plus dans le cercueil des cellules souches embryonnaires." En France jusqu'à aujourd'hui, presque personne n'en a parlé, à l'exception notable de Pierre-Olivier Arduin dans la lettre Décryptage. La nouvelle d'aujourd'hui a fini par atterrir dans quelques journaux grâce à une dépêche de l'AFP. Mais alors que la révision des lois de bioéthique sera bientôt discutée au Parlement, une telle nouvelle devrait remettre en cause l'utilité de la recherche sur l'embryon.
Inscription à :
Articles (Atom)