En janvier, je vous ai parlé des cellules iN, ces cellules nerveuses fabriquées à partir de cellules adultes sans passer par un stade cellule souche. En août, ce fut le tour des cellules iCM qui sont des cellules cardiaques directement issues de cellules adultes à nouveau sans passer par des cellules souches. À chaque fois un cocktail de gènes bien précis suffit à induire la transdifférenciation de cellules adultes en autres cellules adultes, avec un avantage majeur : en s'affranchissant du passage par l'état "cellule souche" on évite les risques de cancer liés à la capacité de ces cellules à se diviser sans fin. En effet les cellules fabriquées ici n'induisent pas de tératomes dans des souris immunodéprimées, alors que les cellules souches embryonnaires comme les cellules iPS en induisent.
Aujourd'hui c'est au tour des cellules sanguines, d'où le titre de ce billet. La revue Nature a publié un article d'une équipe canadienne qui a réalisé cet exploit. Et pour la première fois il s'agit de cellules humaines de la peau qui sont transformées en cellules dites "progénitrices", autrement dit un état intermédiaire entre les cellules souches et les cellules différenciées, les cellules progénitrices pouvant donner naissance à plusieurs types de cellules différenciées. Dans l'étude publiée aujourd'hui, les cellules générées à partir de la peau peuvent donner des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes. Il a suffit pour cela d'introduire le gène Oct4 (un des quatre facteurs identifiés par Yamanaka) et de baigner les cellules dans un milieu ad hoc.
Les cocktails de gènes, l'avenir de la médecine régénératrice sans cellules souches
C'est désormais trois types cellulaires très différents qu'on peut fabriquer avec un cocktail de gènes chaque fois différent, sans passer par l'étape "cellule souche". Il était donc légitime d'écrire dès janvier : "Nul doute que de nouveaux travaux apporteront de plus en plus de ces cocktails magiques permettant de transformer un type cellulaire en un autre type cellulaire. En bref, c'est un clou de plus dans le cercueil des cellules souches embryonnaires." En France jusqu'à aujourd'hui, presque personne n'en a parlé, à l'exception notable de Pierre-Olivier Arduin dans la lettre Décryptage. La nouvelle d'aujourd'hui a fini par atterrir dans quelques journaux grâce à une dépêche de l'AFP. Mais alors que la révision des lois de bioéthique sera bientôt discutée au Parlement, une telle nouvelle devrait remettre en cause l'utilité de la recherche sur l'embryon.
lundi 8 novembre 2010
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1 commentaire:
Si je comprends bien, cela pourrait en même temps rendre inutiles les banques de sang de cordon, qu'elles soient autologues ou non. Toute personne ayant besoin de sang pourrait d'abord donner des cellules de sa peau pour produire du sang parfaitement compatible. Évidemment il faudra cependant toujours des donneurs pour traiter les accidents.
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