jeudi 16 décembre 2010

Les promesses thérapeutiques des cellules iPS

Rappelez-vous, nous sommes en août 2006 et Yamanaka publie un article dans Cell montrant comment on peut reprogrammer n'importe quelle cellule adulte en cellules iPS qui ressemblent à s'y méprendre à des cellules souches embryonnaires. À votre avis, combien aura-t-il fallu de temps à une équipe américaine pour traiter une souris atteinte d'anémie falciforme, autrement appelée drépanocytose qui toucherait 50 millions de personnes dans le monde.

Je résume ce qu'a dû faire l'équipe de Rudolph Jaenisch qui se trouve au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Comprendre les résultats, mettre le protocole au point dans son laboratoire, générer des cellules iPS à partir d'un modèle murin d'anémie falciforme, corriger le défaut génétique à l'origine de la maladie, redifférencier les cellules iPS en cellules souches du sang, et enfin injecter ces cellules dans des souris irradiées au préalable afin d'éliminer les cellules souches du sang porteuses du défaut génétique. Ensuite il a fallu écrire l'article, le soumettre, faire les révisions et qu'il soit finalement accepté par la revue Science (Hanna, J et al 2007. Treatment of sickle cell anemia mouse model with iPS cells generated from autologous skin. Science 318, 1920-1923).

Alors, combien d'années ? Exactement 17 mois ! Autrement dit un temps ridiculement court. Certes cette thérapie n'est pas à ce jour disponible pour l'homme car il faudrait vérifier que les cellules transplantées ne se mettent pas à proliférer, mais la "preuve de concept" est bien là, 17 mois après l'anonce de la découverte des cellules iPS. Quand on connaît le rythme normal de la recherche il faut bien avouer que c'est extrêmement rapide.

Autres applications thérapeutiques chez la souris

Depuis chez la souris les cellules iPS ont permis de traiter l’hémophilie (Xu et al, PNAS, 106, 808), l’infarctus (Nelson et al, Circulation, 120, 408), les lésions de la moelle épinière (Tsuji et al, PNAS, 107, 12704) et le diabète (Alipio et al, PNAS, 107, 13426).Et j'en ai sans doute raté car je n'ai pas fait une recherche systématique. Il faut noter que l'équipe travaillant sur les lésions de la moelle épinière a annoncé la semaine dernière qu'elle avait pu traiter un singe paralysé à l’aide de cellules iPS (Source : pas de publication scientifique à ce jour mais seulement une dépêche de l’AFP).

mercredi 15 décembre 2010

L'inutilité de la recherche sur l'embryon : la preuve par l'intestin

C'est un grand coup qu'a frappé une équipe américaine de Cincinnati en réussissant à reconstituer le développement de l'intestin in vitro. Pour cela ils ont pris des CSEH (cellules souches embryonnaires humaines) et ont réussi à induire leur différenciation en cellules intestinales capables de former un "organoïde" ressemblant à s'y méprendre à un véritable intestin miniature.
Deuxième exploit : la méthode de différenciation mise au point marche aussi pour plusieurs lignées de cellules iPS (cellules souches pluripotentes induites) qui pourront être utilisées en remplacement des CSEH. Cela va permettre notamment de tester des drogues et autres molécules chimiques dans un contexte très proche de ce qui se passe dans l'intestin humain, mais aussi d'étudier dans le détail le développement de l'intestin humain. On pourra également modéliser les maladies affectant des patients en prélevant des cellules de la peau qui auront le même défaut génétique que leurs cellules intestinales. Il faudra ensuite les reprogrammer puis induire leur différenciation selon le protocole établi.

La destruction d'embryons encore inutile
Une fois de plus il n'aura pas été nécessaire de détruire des embryons pour arriver à ce résultat. En effet, tout comme Waksman et Peschanski, l'équipe américaine a utilisé des lignées disponibles depuis longtemps (H1 et H9). Mais ils ont fait beaucoup mieux en montrant que ça marchait aussi avec plusieurs lignées de cellules iPS. 
Ne vaudrait-il donc pas mieux se contenter des lignées de CSEH déjà isolées, plutôt que de vouloir à tout prix en créer d'autres en sacrifiant toujours plus d'embryons ? Certes il s'agirait seulement d'un moindre mal, mais ce serait toujours mieux que ce qui se prépare.

mardi 14 décembre 2010

L'inutilité de la recherche sur l'embryon

Il y a un an toute la presse française (celle qui a été incapable de rapporter des découvertes autrement plus impressionnantes comme celles des cellules iN ou iCM) a célébré un article. Il s'agissait de la mise au point d'un système de peau artificielle créée à partir de cellules souches embryonnaires humaines (CSEH ; voir les détails ici). On peut légitimement penser que les lignées de CSEH utilisées ont été isolées à partir d'embryons sacrifiés en France puisque cela est autorisé.

Il n'en est rien : les résultats ont été obtenus avec les lignées H9 et SA01 qui sont toutes deux disponibles depuis longtemps. Autrement dit pour le seul titre de gloire de la recherche française sur les CSEH, il n'aura servi strictement à rien que la loi française autorise le sacrifice d'embryons. On aurait très bien pu se contenter d'un régime à l'allemande où un certain nombre de lignées de CSEH ont été autorisées mais où il est interdit de détruire un embryon à des fins de recherche.