samedi 29 novembre 2008

Dieu manque-t-il d'imagination ?

Afin de répondre à certains commentaires, je vais faire une remarque un peu audacieuse sur l'imagination divine. Si tous les organismes vivants ont certains traits en commun - et ils en ont beaucoup plus que le seul code génétique évoqué l'autre jour - soit leur origine pourrait être commune, soit le Créateur a toujours repris les mêmes ingrédients. La question est alors : pourquoi Dieu n'a-t-il pas utilisé des modèles radicalement différents ?
Pourquoi faut-il toujours un acide nucléique comme mémoire génétique ? Pourquoi faut-il toujours un ribosome pour traduire l'ARN ? Pourquoi faut-il presque toujours passer de l'ADN à l'ARN puis à une protéine ? Pourquoi toutes les membranes sont-elles composées de lipides ? Etc. On pourrait par exemple très bien imaginer une structure mémorielle composée d'autres bases que A, C, G et T ? Pourquoi toujours celles-là et seulement celles-là ?
Je ne dis pas bien sûr que ceci soit une preuve au sens strict de l'évolution, mais je pose la question à ceux qui pensent que Dieu a créé individuellement chaque espèce : pourquoi si peu de diversité dans les mécanismes cellulaires et génétiques fondamentaux ? Il me semble qu'il est plus logique d'évoquer un processus de filiation plutôt qu'un manque d'imagination de Dieu, en mettant de coté ce que cette remarque peut avoir de déplacé.

L'argument de l'homogénéité : un exemple

Problème : vous avez devant vous différents tissus provenant de deux animaux différents d'une même espèce et vous devez trouver quels échantillons appartiennent à quel animal.
Le plus simple sera de faire des tests sur l'ADN que vous aurez extrait de chaque échantillon. Vous pourrez alors montrer que les échantillons de foie et de rein appartiennent à l'animal 1 et ceux de peau et de muscle à l'animal 2. Ceci est possible car toutes les cellules de l'animal 1 ont en commun le même ADN, issu du zygote qui a donné cet animal. Au contraire, l'animal 2 est issu d'un zygote ayant un autre génome. Sans savoir au départ que le foie et le rein appartiennent au même animal, on déduit leur origine unique en se basant sur l'identité de leurs ADN. La similitude du matériel génétique entre les échantillons pris deux à deux (foie et rein contre peau et muscle) vient du fait qu'il y a une origine unique pour ce matériel génétique.

De la même façon, on peut logiquement déduire de l'unicité du code génétique que l'ensemble du monde vivant pourrait dériver d'un organisme initial unique, aussi inconcevable que cela puisse paraître. Il faut bien sûr ajouter à cela (mais ce sera pour une autre fois) que l'ADN des êtres vivants confirme de façon spectaculaire la classification du monde vivant faite du temps de Linné, c'est-à-dire avant Lamarck et Darwin.

lundi 24 novembre 2008

Un argument en faveur de l'évolution

L'auteur de ce blog ne s'intéresse pas qu'aux cellules souches comme vous avez pu le constater récemment. La théorie de l'évolution est à la mode en ce moment où se prépare le 200ème anniversaire de la publication de "L'Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie".
L'argument le plus difficile à contrer en faveur de la théorie de l'évolution est que, comme l'a dit Monod, la bactérie et l'éléphant partagent le même code génétique. C'est-à-dire que tous les êtres vivants, sans exception, font appel aux mêmes nucléotides qu'ils groupent par trois pour coder un acide aminé. Malgré quelques variantes, cela est vrai depuis le moindre virus jusqu'à l'homme. Par exemple le triplet ATG donnera toujours l'acide aminé méthionine, quel que soit l'organisme.
La question qui se pose ensuite est d'expliquer cette homogénéité du monde vivant. Soit l'origine du code est unique car il y a un ancêtre commun à tous les êtres vivants, soit le concepteur du code a choisi délibérément de n'utiliser qu'un seul code. Je laisse le lecteur choisir entre les deux solutions...

PS : Contrairement à 99,98% des promoteurs de Darwin et 99,99% de ses détracteurs, j'ai lu ce livre de A à Z dans la version française publiée par Flammarion en 1992 en livre de poche.

samedi 22 novembre 2008

Séquence de Mammouth

Ce n'est pas une blague, l'ADN du noyau du mammouth est désormais séquencé à 70%. Ce résultat publié jeudi par Nature a été obtenu par une équipe américaine à partir de l'ADN contenu dans des poils de cette sympathique bestiole. Ceci permet déjà de suggérer qu'il y aurait moins de 0,6% de différence entre le génome du mammouth et celui de son cousin l'éléphant d'Afrique. Quand on vous dit qu'on en verra bientôt, des mammouths bien vivants... Enfin, rassurez-vous, ce n'est pas pour tout de suite !
Encore plus surprenant : le génome de l'homme de Néandertal pourrait être connu dans peu de temps. Son ADN mitochondrial a en effet été séquencé cette année.

vendredi 21 novembre 2008

Soyez sérieux M. Daoudal

Yves Daoudal nous annonce : "une étude sur l’impact du maïs transgénique Monsanto Mon810 sur la fertilité des souris. La conclusion est que les souris nourries à ce maïs (sur plusieurs générations) sont devenues stériles, et que celles qui ont pu finalement donner naissance à des petits ont mis bas des souriceaux d'un poids nettement inférieur à la normale". Source.

M. Daoudal est approximatif. Il ne s'agit pas du Mon810 mais du Mon810-NK603 qui est un maïs doublement modifié. Mais cela n'est pas grave. Il prétend en effet que "les souris nourries à ce maïs (sur plusieurs générations) sont devenues stériles". C'est tout simplement faux. Quatre générations de souris nourries avec ce maïs modifié ou un maïs ordinaire produisent autant de descendants.
Seul cas où un effet a été détecté : lorsque la même génération de souris a eu quatre portées successives, ce qui est une situation de stress. Le résultat donne 1035 naissances dans le groupe témoin contre 844 dans le groupe nourri au Mon810-NK603. Source.

Cela ne signifie nullement que M. Daoudal a tort de tirer le signal d'alarme, mais il est bien inutile de prétendre que ce maïs a rendu les souris stériles. Et la crédibilité de la conclusion en prend un coup ! Soit dit en passant, il est fort difficile de trouver ce rapport sur internet, on en est donc réduit à des commentaires... Il ne s'agit en effet pas d'une publication scientifique mais d'un rapport d'une agence autrichienne.
Rmq : Un lecteur de Libé prétend même que "la même étude montre que la mortalité des souriceaux du groupe nourris au maïs non-OGM est deux fois plus élevée que celle du groupe nourri au maïs OGM (cf. tableau page 77)". N'ayant pas accès au rapport, je ne peux pas confirmer.

samedi 15 novembre 2008

Pourquoi Albert ?

J'ai choisi Albert pour pseudonyme. Pourquoi ? La réponse est le saint du jour, saint Albert le Grand, que Pie XII a proclamé "patron céleste de tous ceux qui s’adonnent à l’étude des sciences physiques et naturelles". C'est à lui que l'on doit le retour en force de la philosophie aristotélicienne au XIIIème siècle.
Voilà comment le décrit Pierre Duhem : "Compilateur clair, consciencieux et complet, c'est vraiment le titre que mérite Albert ; c'était d'ailleurs le seul qu'il ambitionnait" (Le Système du Monde, Tome V, p414 Hermann, Paris, édition de 1958). Mais il est également observateur direct de la nature et n'hésite pas expérimenter de temps à autre, chose fort rare à l'époque.

Une citation me paraît particulièrement intéressante. Au sujet de l'immortalité de l'âme et de la multiplicité des âmes après la mort, Albert formule le principe suivant : "Il nous faut voir par raisons et syllogismes, quelle opinion doit être consentie et tenue. Nous passerons donc entièrement sous silence ce que veut notre Religion, et nous n'admettrons rien qui ne puisse être démontré par syllogisme." (cité par Duhem, op. cit. p430 ; la référence qu'il donne est la suivante : Alberti Magni Liber de causis, lib I, tract. I, cap. X). Les chercheurs d'aujourd'hui ne réclament rien d'autre, et pour des sujets autrement plus humbles que la question de l'immortalité de l'âme. Ils remplacent simplement les syllogismes par des études expérimentales.

Petite anecdote : la place Maubert tient son nom d'Albert le Grand, c'est la place de Maître Albert.

Du rififi chez les chercheurs ?

Verra-t-on un jour une réforme en profondeur du système français de recherche biomédicale ? À l'occasion d'une évaluation de l'INSERM par un panel international recruté par l'AERES (agence d'évaluation de la recherche), les grandes manœuvres ont-elles commencé ? À lire ici.

vendredi 14 novembre 2008

Le commentaire de Science sur le même sujet

La revue Science a publié aujourd'hui un compte-rendu de cette conférence de l'Académie Pontificale des Sciences. Les scientifiques qui y ont participé sont ressortis avec des avis partagés. En clair, il n'y a pas eu de prise de position officielle de l'Église en faveur de la théorie de l'évolution. Cependant, le simple fait de discuter ouvertement la question est pour d'autres la preuve d'une "détente" dans les relations entre science et foi.
Le Cardinal Schönborn est intervenu au cours de cette conférence, et certains avis sont plutôt sévères : "Il croit qu'il y a des trous dans l'évolution et que Dieu intervient à ce moment là" commente John Abelson, un biologiste moléculaire de l'Université de Californie-Davis. "C'est proche d'une vision datant du XIXème siècle" ajoute-t-il.
Cependant d'autres sont moins sévères, en particulier Francis Collins, l'ancien directeur du programme qui réalisa le premier séquençage du génome humain et qui est ouvertement chrétien : "J'ai été soulagé d'entendre le cardinal prendre ses distances avec le mouvement de l'Intelligent Design, en faisant référence à cette "école" qui avait fait des erreurs". D'une façon générale, le discours du Card. Schönborn a été jugé comme suffisamment générale pour ne pas poser de problème. Mais ce sont les questions du Cardinal pendant le reste de la conférence qui en ont surpris plus d'un, ces questions suggérant qu'il croit à des interventions divines ponctuelles au cours de l'évolution.
En bref, le Cardinal n'a pas bougé de la position exprimée en 2005 : "Evolution in the sense of common ancestry might be true, but evolution in the neo-Darwinian sense--an unguided, unplanned process of random variation and natural selection--is not". En revanche, ses doutes sur l'origine des espèces expliquée par la théorie actuelle sont plus surprenants et représenteraient, s'ils étaient avérés, une différence notable avec les prises de position de Pie XII et Jean-Paul II.

De son coté, Benoît XVI a plutôt parlé de présence immanente de Dieu dans la création, mais rien ne laisse penser qu'il partagerait la position de Schönborn quant à des interventions directes au cours de l'évolution.

Je reproduis ci-dessous l'intégral du texte de Science en soulignant les passages que j'ai cités.

Science 14 November 2008:
Vol. 322. no. 5904, p. 1038
News of the Week
EVOLUTION: Vatican Science Conference Offers an Ambiguous Message
John Bohannon
Scientists who gathered at the Vatican last week for a closed-door conference* on evolutionary origins are giving the event mixed reviews. Those who hoped for a clear statement of support for evolution from the Catholic Church went home empty-handed. Others, expecting little, were happy with a détente between science and faith. But a few criticize what they heard from the Vatican's controversial point man on evolution, Austrian Cardinal Christoph Schönborn. "He believes there are gaps in evolution and [that] God acts in those gaps," says John Abelson, a molecular biologist at the University of California, Davis, who gave a talk at the meeting. This is a "nearly 19th century" view, Abelson says, amounting to support for the intelligent design movement. Pope Benedict XVI did not clarify his own ambiguous statements on evolution.
The meeting was organized by the Pontifical Academy of Sciences, an international group of scientists who advise the pope. Astrophysicist Stephen Hawking of the University of Cambridge in the U.K., Nobel Prize-winning biochemist Marshall Nirenberg, and others gave lectures on the origins of everything from galaxies in the early universe to cellular life on Earth. It was like many scientific conferences except that the pope showed up to bless the proceedings, and the first talk, titled "The Reflections of Joseph Ratzinger Pope Benedict XVI on Evolution," was given by Schönborn, a theologian.
Schönborn first came to scientists' attention 3 years ago when he penned an editorial in The New York Times shortly after the new pope's election that openly supported intelligent design (Science, 12 August 2005, p. 996). "Evolution in the sense of common ancestry might be true," the Vienna archbishop wrote, "but evolution in the neo-Darwinian sense--an unguided, unplanned process of random variation and natural selection--is not."
Schönborn's prepared talk at the conference was not the source of controversy. "It was so very abstract," says Gereon Wolters, a philosopher of science at the University of Konstanz, Germany. "It offered the standard view that evolution is okay" but that "evolutionism"--a term used by religious conservatives for the promotion of atheism through evolutionary biology--"is not." Some scientists even saw signs of progress in the talk. "I was relieved to hear the cardinal clearly distancing himself from intelligent design," says Francis Collins, former director of the U.S. National Human Genome Research Institute in Bethesda, Maryland, "referring to that 'school' as having made mistakes."
The sparks flew when the cardinal fielded questions. "He still expressed reservations about whether evolution can account for all aspects of biology," says Collins, including whether Darwinian evolution can account for the generation of species. "It was preposterous," says Abelson, who says that the meeting took " a step backwards" in the church's relationship with science. Wolters was disappointed, too: "Schönborn has the same intention as the pope has--to fight evolutionism," he says, but "he is just repeating this creationist gibberish" used by U.S. proponents of intelligent design. Wolters adds: "Fighting science in this way is a losing game."
Other scientists at the meeting disagree. The cardinal's doubts about evolution do not represent a conflict between the church and science, says Werner Arber, a geneticist at the University of Basel, Switzerland, who co-organized the meeting. "Relations continue to be good." Schönborn gave "a confused lecture," says Peter Raven, director of the Missouri Botanical Garden in St. Louis and a member of the academy, but "the church's position on evolution, insofar as it can be said to have one, is unchanged. … There is a belief in a creator who existed before the big bang and set the universe in motion, which is something that cannot be proved or disproved by science."
*Scientific Insights into the Evolution of the Universe and of Life, Vatican City, 31 October-4 November 2008.

Bref commentaire sur le message de Benoît XVI mis en ligne hier

Benoît XVI n'a rien dit de précis sur la validité de la théorie scientifique de l'évolution. Il a en revanche confirmé les avis de Pie XII et Jean-Paul II sur le rôle de la science quant à l'interprétation du monde, en rappelant qu'il ne peut y avoir de conflit entre la science et la foi en ce qui concerne la vérité. Cela n'est pas nouveau, mais il redit le droit des scientifiques à examiner la nature et à proposer des hypothèses pour expliquer le mécanisme de l'évolution.
Benoît XVI a également rappelé l'existence d'un Dieu Créateur qui "fonde ces développements et les soutient, les étaie et les maintient constamment." Malgré tout ce qui paraît dû au hasard, il est manifeste que le monde est organisé.
Enfin, le pape redit la création de l'âme humaine par Dieu et donnant sa spécificité à l'homme.
En résumé, pas de déclaration sur l'évolution en tant que telle comme avait pu le faire Pie XII dans Humani generis en 1950, ou Jean-Paul II dans sa lettre de 1996. Et un message très proche de celui exprimé par le Cardinal Schönborn dans ces interventions de 2005 et 2006.

jeudi 13 novembre 2008

Message de Benoît XVI

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
AUX PARTICIPANTS À LA PLÉNIÈRE
DE L'ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES

Salle Clémentine
Vendredi 31 octobre 2008

Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir, chers membres de l'Académie pontificale des Sciences, à l'occasion de votre assemblée plénière, et je remercie le professeur Nicola Cabibbo, des paroles qu'il m'a courtoisement adressées en votre nom.

En choisissant pour thème "La compréhension scientifique de l'évolution de l'univers et de la vie", vous souhaitez vous pencher sur un domaine de recherche qui suscite beaucoup d'intérêt. En effet, nombre de nos contemporains aujourd'hui désirent réfléchir sur l'origine ultime des êtres, leur cause et leur fin, et le sens de l'histoire humaine et de l'univers.

Dans ce contexte, des questions sur la relation entre la lecture scientifique du monde et la lecture offerte par la Révélation chrétienne se posent naturellement. Mes prédécesseurs le Pape Pie XII et le Pape Jean-Paul II notaient qu'il n'y avait pas d'opposition entre la compréhension de la création à travers la foi et la preuve des sciences empiriques. La philosophie, dès ses débuts, a proposé des images pour expliquer l'origine de l'univers sur la base d'un ou plusieurs éléments du monde matériel. Cette genèse n'était pas envisagée comme une création, mais plutôt comme une mutation ou une transformation; elle avait recours à une sorte d'interprétation horizontale de l'origine du monde. Un progrès considérable dans la compréhension de l'origine du cosmos passa par la considération de l'être en tant qu'être et l'intérêt de la métaphysique pour la question la plus fondamentale de l'origine première ou transcendante de l'être participant. En vue de se développer et d'évoluer, le monde doit d'abord être, et il doit donc passer du néant à l'être. Il doit être créé, en d'autres termes, par le premier Etre qui est tel par essence.

Affirmer que le fondement du cosmos et ses développements se trouvent dans la sagesse providentielle du Créateur ne veut pas dire que la création a uniquement à voir avec le commencement de l'histoire du monde et de la vie. Cela implique plutôt que le Créateur fonde ces développements et les soutient, les étaie et les maintient constamment. Thomas d'Aquin pensait que la notion de création doit transcender l'origine horizontale du déploiement d'événements, qu'est l'histoire, et par conséquent toutes nos manières purement naturalistes de penser et de parler de l'évolution du monde. Thomas observe que la création n'est ni un mouvement ni une mutation. C'est en revanche la relation fondatrice et continue qui lie la créature au Créateur, car il est la cause de tout être et de de tout devenir (cf. Summa theologiae, I, q. 45, a. 3).

"Evoluer" signifie littéralement "dérouler une rouleau de parchemin", c'est-à-dire lire un livre. L'image de la nature comme un livre trouve ses racine dans le christianisme et elle est restée chère à un grand nombre de scientifiques. Galilée voyait la nature comme un livre dont l'auteur est Dieu de la même manière que l'Ecriture a Dieu pour auteur. C'est un livre dont nous lisons l'histoire, l'évolution, "l'écriture" et le sens selon les différentes approches des sciences, tout en présupposant toujours la présence fondatrice de l'auteur qui a souhaité se révéler en lui. Cette image nous aide également à comprendre que le monde, loin de trouver son origine dans le chaos, ressemble à un livre ordonné; c'est un cosmos. Malgré des éléments irrationnels, de chaos et de destructions dans le long processus de changement dans le cosmos, il demeure "lisible". Il possède une "mathématique" innée. L'esprit humain peut s'engager non seulement dans une "cosmographie" en étudiant les phénomènes mesurables mais aussi dans une "cosmologie", en discernant la logique interne visible du cosmos. Nous pourrions ne pas être immédiatement capables de voir l'harmonie à la fois de l'ensemble et des relations entre les parties, ou leur relation avec l'ensemble. Mais il demeure une large part d'événements intelligibles, et le processus est rationnel dans la mesure où il révèle un ordre de correspondances évidentes et de finalités indéniables; dans le monde non-organique, entre la microstructure et la macrostructure; dans le monde organique et animal, entre la structure et la fonction; et dans le monde spirituel, entre la connaissance de la vérité et l'aspiration à la liberté. La recherche expérimentale et philosophique découvre graduellement ces ordres; elle perçoit leur travail en vue de se maintenir dans l'être, de se défendre contre les déséquilibres, et de surmonter les obstacles. Et grâce aux sciences naturelles nous avons largement approfondi notre compréhension du caractère unique de la place de l'humanité dans le cosmos.

La distinction entre un simple être vivant et un être spirituel qui est capax Dei indique l'existence d'une âme intellective d'un sujet transcendant libre. En effet, le magistère de l'Eglise a constamment affirmé que "chaque âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu - elle n'est pas "produite" par les parents - [et] qu'elle est immortelle" (Catéchisme de l'Eglise catholique, n. 366). Cela indique le caractère distinctif de l'anthropologie, et invite à l'exploration de celle-ci par la pensée moderne.

Illustres Académiciens, je souhaite conclure en rappelant les mots que vous avait adressés mon prédécesseur le Pape Jean-Paul II en novembre 2003: "La vérité scientifique, qui est elle-même une participation à la Vérité divine, peut aider la philosophie et la théologie à comprendre toujours plus pleinement la personne humaine et la Révélation divine sur l'homme, une Révélation qui est complétée et perfectionnée en Jésus Christ. Je suis, ainsi que toute l'Eglise, profondément reconnaissant pour cet important enrichissement réciproque dans la recherche de la vérité et au bénéfice de l'humanité".

Sur vous, sur vos familles et sur tous ceux qui sont associés au travail de l'Académie pontificale des Sciences, j'invoque de tout cœur des Bénédictions divines de sagesse et de paix.

mercredi 12 novembre 2008

Intérêt des cellules souches adultes : suivez l'argent

Les cellules souches ne sont pas seulement idéales pour la thérapie cellulaire. Leur utilité est aussi évidente pour tester de nouvelles molécules lors de cribles systématiques. En effet, ce sont des cellules très proches des cellules effectivement trouvées dans le corps humain, par opposition à des cellules immortalisées couramment utilisées en laboratoire.
En plein marasme économique, la compagnie Genzyme s'apprête à investir jusqu'à 1,4 milliards de dollars pour commercialiser deux molécules développées par Osiris Therapeutics. Celle-ci a utilisé des cellules souches adultes pour tester et identifier deux produits : le Chondrogen qui permettrait notamment de traiter l'arthrose du genou, et le Prochymal qui a déjà été autorisé par la FDA pour des traitements lors de greffes et pourrait également être utilisé contre la maladie de Crohn.
Source.

Obama est déjà prévenu

Le Times rapporte que le "ministre de la santé" du Vatican, le Card. Javier Lozano Barragan attend des clarifications sur ce que la nouvelle administration américaine a l'intention de faire en matière de recherche sur les cellules souches embryonnaires. Le Cardinal rappelle que seules les cellules souches adultes ou celles du cordon ombilical ont à l'heure actuelle été utilisées avec succès.
Obama n'a pas fait mystère de son intention de lever l'interdiction du financement fédéral instauré par Bush. Cela relancera sans doute de façon spectaculaire ces recherches qui n'ont pas donné grand-chose pour le moment, en grande partie à cause de l'opposition d'une partie du public et des restrictions financières. On peut se demander si cela servira à quelque chose : la technique de la reprogrammation est aujourd'hui au point, et évite tous les écueils éthiques, financiers et techniques des cellules souches embryonnaires.

mardi 11 novembre 2008

Des cellules du cordon ombilical pour des valves cardiaques

Des chercheurs de l'hôpital de Munich ont présenté des données sur des valves cardiaques issues de cellules du cordon ombilical hier à un congrès de l'American Heart Association à la Nouvelle-Orléans (résumé de la présentation). Les résultats montrent que des cellules souches du cordon ombilical pouvaient être utilisées pour reconstituer un tissu qui se rapproche fortement de valves cardiaques. La nouveauté consisterait à pouvoir traiter un enfant montrant une déficience cardiaque avec ses propres cellules prélevées à la naissance ce qui éviterait les opérations à répétition, les rejets...

vendredi 7 novembre 2008

L'avis d'un spécialiste des cellules souches : l'avenir est à la reprogrammation en cellules iPS

Extrait d'un entretien avec Thierry Jaffredo dans le dernier numéro du Journal du CNRS. TJ est directeur de recherche au CNRS et coorganise les 27 et 28 novembre un colloque international sur la biologie des cellules souches.

Quels sont les grands progrès réalisés récemment ?
T.J.
: En 2006, l'équipe du Japonais Shinya Yamanaka a publié une étude révolutionnaire : les chercheurs sont parvenus, chez la souris, à identifier une combinaison de gènes permettant de transformer des cellules banales de notre corps, de la peau, des os ou autres, en cellules dotées du même pouvoir que les cellules souches embryonnaires naturelles, un pouvoir de différenciation plus important que les cellules souches adultes, et capables de régénérer tous les tissus de l'organisme, et non un seul. Confirmée par d'autres depuis, chez l'animal et l'homme, cette découverte a mis fin à un grand débat éthique [c'est moi qui souligne] qui visait à répondre à la question : « Faut-il utiliser les embryons obtenus par fécondation in vitro, conservés congelés, pour lesquels il n'y a plus de projet parental, pour disposer de cellules souches embryonnaires à visée thérapeutique ? »
(...)
Et du côté de la recherche fondamentale ?
T.J.
: On attend beaucoup de la poursuite des travaux sur les cellules souches embryonnaires obtenues à partir de cellules normales [Note personnelle : comprendre cellules adultes reprogrammées ou iPS]. À ce jour, on ne peut pas encore les utiliser en médecine, car on sait que l'introduction de cellules souches embryonnaires dans un animal peut entraîner des tumeurs ; il nous faut donc bien identifier les molécules permettant de les orienter vers des cellules spécialisées afin d'être sûrs que ce que l'on injectera au patient ne contiendra plus de cellules souches embryonnaires.

Il est très peu question de cellules souches embryonnaires dans cet entretien !

jeudi 6 novembre 2008

Nouveau message de Benoît XVI sur l'évolution

Le pape a communiqué un message à l'assemblée plénière de l'Académie Pontificale des Sciences qui se réunissait sur le thème suivant : « Scientific Insight into the Evolution of the Universe and of Life ». Zenit a présenté des extraits de ce message.
Des commentaires personnels viendront plus tard. Ce qui est sûr, c'est que Benoît XVI et le Card. Schönborn, qui est intervenu lors de ce colloque, prennent ce sujet très au sérieux en multipliant les déclarations et les réunions.
Un coup d'œil rapide au programme révèle une liste impressionnante d'intervenants, de Nicole Le Douarin à Yves Coppens en passant par Luigi Cavalli-Sforza, Stephen Hawking, David Baltimore, Christian De Duve, Francis Collins, Stanley Jaki etc. Une telle réunion de noms prestigieux ferait pâlir de jalousie les plus grands congrès mondiaux !

mercredi 5 novembre 2008

Clonage de dinosaures ?

La nouvelle du clonage d'une souris morte depuis 16 ans a soulevé des questions. Pourra-t-on un jour cloner un mammouth, ou pourquoi par faire de Spielberg un génial visionnaire avec son Jurassik Park ?

Pas vraiment, dans l'état actuel de la science. Il faut en effet que l'intégralité du génome soit conservée, ce qui suppose une mort assez récente. Selon l'article paru dans PNAS, les souris clonées étaient congelées depuis leur mort. De plus, les chercheurs ont constaté lors de la décongélation qu'aucune cellule n'avait survécu, même après une congélation de seulement une semaine. Cela exclut donc la possibilité de reprogrammer des cellules survivantes dans le futur. Ils ont finalement réussi à réaliser le transfert nucléaire avec des extraits cellulaires de neurones du cerveau. On pourrait donc en théorie imaginer de cloner d'autres animaux congelés, jusqu'aux mammouths de Sibérie. Même si cela paraît peu vraisemblable, un tel exploit ne peut être exclu aujourd'hui. On peut d'autre part gager que certains vont s'appuyer sur cette étude pour se faire congeler après leur mort... En revanche, le clonage d'un dinosaure relève toujours de la science-fiction.

Les Conservateurs ont-ils plus d'humour ?

Qui des gens de droite ou de gauche ont le plus d'humour ? Un chercheur américain en sciences sociales du MIT s'est posé cette intéressante question et publie ses résultats sur son blog. La conclusion est surprenante, au moins pour les Démocrates : les Conservateurs trouvent toutes les formes d'humour à leur goût, alors que les Démocrates ont tendance à ne rire qu'à une forme d'humour "décalé" et ne pas apprécier la traditionnelle blague de comptoir. Le chercheur avoue benoîtement qu'il s'attendait à ce que les Conservateurs n'aiment que les blagues de potaches...

Un journaliste du New York Times est ensuite allé plus loin. L'image traditionnelle du Conservateur rigide, toujours strict, totalement dépourvu d'humour et ayant peur de tout ce qui est différent vient essentiellement des chercheurs en sciences sociales. Or ceux-ci votent à 7 contre 1 pour les Démocrates. Ils constituent donc un groupe fortement homogène, qui se révèle alors comme typiquement... conservateur, au sens où ils ont peur de tout ce qui est différent, à savoir ceux qui votent Conservateur !

Il suffit ensuite de lire les réactions des lecteurs au blog et à l'article du NYT pour constater à quel point la conclusion de cette recherche est juste :-)

Le Michigan vote la Proposition 2 et le Colorado rejette l'amendement 48

Parmi les autres scrutins se déroulant aujourd'hui, il semble que le Michigan soit en passe de libéraliser sa législation sur les cellules souches en ayant voté en faveur de la Proposition 2. Un sondage sorti des urnes donne en effet un avantage au oui à 54% contre 46%. Et le dépouillement de 25% des bulletins donne 52% de oui.
De son coté, comme on pouvait s'y attendre, le Colorado a rejeté l'Amendement 48 avec une énorme marge de 75 % contre 25% après dépouillement de 25% des votes.