mercredi 24 juin 2009

La blague du jour

Un jour un groupe de scientifiques convaincus de la réalité de l'évolution et de l'inutilité de l'hypothèse Dieu décident d'aller Le voir pour Lui dire qu'ils peuvent se passer de Lui.
Les scientifiques arrivent devant Dieu et disent : "Nous avons décidé que nous n'avions pas besoin de Vous. Nous pouvons tout faire aujourd'hui, du clonage, de la thérapie génique, de la thérapie cellulaire, etc. Laissez-nous donc tranquille et disparaissez !"
Dieu écoute patiemment ces scientifiques. Lorsqu'ils ont fini de parler, Il leur propose un jeu : "Faisons un concours : si vous arrivez à fabriquer un homme comme je l'ai fait avec Adam, je m'en vais".
Immédiatement les scientifiques commencent à ramasser de la poussière et se lancent dans leurs expériences.
Mais Dieu intervient : "Non, non, commencez donc par fabriquer votre propre poussière..."

jeudi 18 juin 2009

Des bactéries qui prévoient le futur ?

Je n'ai pas pu résister à l'envie de mettre un titre un peu sensationnel, même si la suite démontrera qu'il est faux. Un article publié hier dans Nature démontre que des bactéries, ou des levures, peuvent anticiper un changement environnemental et s'y adapter à l'avance. Prenons par exemple des bactéries qui ont l'habitude de voir du lactose puis du maltose. Le simple fait de leur présenter du lactose induit une adaptation des bactéries leur permettant de se préparer à l'arrivée du maltose. D'une certaine façon, ces bactéries se comporte comme le fameux chien de Pavlov qui, à force d'entendre une cloche avant de voir son déjeuner arriver, se met à saliver au simple son de la cloche. Le chien peut perdre ce comportement acquis si l'on cesse de lui présenter de la nourriture après la cloche. Et de même les bactéries à qui on va présenter du lactose non suivi de maltose vont finir par arrêter de se préparer à l'arrivée de ce dernier.

Les bactéries peuvent-elles prévoir leur avenir ?
On pourrait se demander comment font les bactéries pour acquérir un tel comportement. En réalité, la réponse se trouve dans l'adaptation à l'environnement et dans l'avantage acquis par une bactérie capable de se préparer pour le deuxième type de sucre ; celle-ci se divisera en effet plus vite et remplacera peu à peu ses congénères qui ne "prévoient" pas le maltose. Mais à l'origine, c'est juste une bactérie qui se mélange les pinceaux et démarre les programmes maltose et lactose en voyant du lactose. Si le maltose arrive derrière elle gagne, sinon elle n'a aucun avantage sélectif, voir un désavantage car elle perd de l'énergie à faire une chose inutile. De fait, si le maltose ne suit plus, il suffit de quelques mois pour que les bactéries qui prennent le dessus soient celles qui ne lancent que la réponse au lactose.

Bref, c'est un merveilleux exemple d'adaptation au milieu. Et la réponse à la question est bien sûr non, une bactérie est bien incapable de prévoir ce qui va lui arriver...

Peut-on breveter des gènes ?













(Source : Slate)

mercredi 17 juin 2009

L'évolution a-t-elle un sens ?

"L’évolution est complexe. Elle a souvent une direction, jamais de sens."
C'est ainsi que commence un billet récemment publié sur le site du blog 2009 : Année Darwin. Je n'ai pas l'ambition de répondre à cette question par un simple billet sur ce blog d'autant plus que j'hésite sur le sens du mot "sens" dans ce contexte. Mais cela me rappelle un passionnant cours de Pierre-Henri Gouyon il y a déjà quelques années pendant lequel il avait déclaré qu'il est évident que "l'œil est fait pour voir". C'était à mon avis une fort intelligente provocation qui a apporté une solution à l'apparent paradoxe de la perfection dans la nature face au hasard et à la nécessité évoqués par Jacques Monod. J'ajoute qu'une telle phrase dans un devoir aurait immédiatement valu à son auteur une note proche du zéro absolu avec une accusation de finalisme, le péché capital par excellence, car il conduit tout droit au créationnisme.
Et pourtant, l'œil est bien fait pour voir ; il faut en effet bien comprendre que dès qu'il a pu commencer à détecter la lumière, un prototype d'œil devait fatalement être amélioré peu à peu et approcher de la "perfection", celle qui donnait le vertige à Darwin lui-même. C'est en effet un tel avantage pour un animal de voir l'environnement qu'il ne fait aucun doute que celui chez qui l'œil sera un peu meilleur aura un avantage sélectif évident sur les autres. Et peu à peu, l'œil "fait pour voir" se formera jusqu'à atteindre un haut degré de complexité et de perfectionnement. Certes les mutations qui vont faire apparaître un œil plus performant seront arrivées au hasard, mais ce n'est ni le hasard ni la nécessité qui explique qu'elles soient retenues, mais bien le fait qu'elles permettent à un individu de mieux voir.
Revenons maintenant à notre citation du début. Par "pas de sens", doit-on comprendre que l'évolution est absurde ? Mais un processus qui n'a pas de sens ne peut rien produire de complexe, et l'œil n'aurait jamais pu être formé. Pourtant il est là et il permet de voir. L'évolution a certes une direction, mais je dirais qu'elle a aussi un sens. La meilleure preuve est que vous êtes en train de me lire, chose qui avait peu de chance de se produire si l'évolution n'avait pas de sens...
Peut-on conclure que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes à la façon de Pangloss ? Non plus car il y a quantité d'exemples démontrant que la solution trouvée par la nature est loin d'être idéale. On peut même penser qu'en améliorant sans cesse une espèce se trouvant dans un environnement donné, la nature va finalement piéger cette espèce, la rendant incapable de s'adapter rapidement en cas de changement brusque de l'environnement. D'autre part, même si l'œil est très utile, les chauve-souris, les taupes et les micro-organismes s'en passent très bien. En conclure comme le font certains que l'évolution n'a pas de sens me paraît relever d'un réductionnisme aveugle et inutile.

NB : je vous invite à consulter ce billet de Tom Roud sur la formation de l'œil.

lundi 8 juin 2009

De quoi remettre les risques en perspective

L'épidémie de grippe A(H1N1) a touché 25,288 personnes et fait 139 morts (chiffres du 8 juin) et on parle de campagne de vaccination systématique, en France et ailleurs. Pour mettre les choses en perspectives, il faut dire que l'OMS a recommandé le 5 juin de vacciner systématiquement contre un virus de la famille des rotavirus qui est responsable de diarrhées sévères chez les enfants ; cette infection est responsable de 2 millions d'hospitalisations et de 500.000 morts par an, 85% des cas mortels concernant les pays en voie de développement. Cette recommandation est faite suite à l'essai clinique d'un vaccin qui a fait ses preuves en Afrique du Sud et au Malawi.
On ne devrait pas en conclure que le virus A(H1N1) est inoffensif, mais un peu de retenu dans l'annonce de l'apocalypse grippal ne ferait pas de mal, du moins pour le moment. Car A(H1N1) peut muter à tout moment pour devenir beaucoup plus virulent, comme ce fut le cas en 1918.

vendredi 5 juin 2009

Il y a du boulot...

Ce blog s'adresse autant aux catholiques curieux de mieux comprendre ce qui se passe dans le monde de la recherche qu'aux scientifiques voulant comprendre comment un croyant peut faire de la recherche, surtout dans le domaine de la biologie. Dans les deux cas, il y a du travail. J'en veux pour preuve ce billet que je viens de lire sur un blog du Monde. Il y est question de l'Académie Pontificale des Sciences et d'un récent colloque sur les OGM.
Je cite : "L’Académie a absous les cultures OGM. Curieux dans une Eglise si prompte à promettre l’enfer à quiconque oserait toucher un brin d’ADN a une créature du bon Dieu (...) L’Académie est une émanation du Vatican mais elle ne lui dicte pas ses positions officielles (...) De tels séminaires ne réunissent pas que des scientifiques en soutane. L’Académie a fait appel à une quarantaine d’experts venus des quatre coins de la terre (plate?) (...)"
Quand je vous disais qu'il y a du boulot... Non, l'Église n'a jamais condamné les manipulations génétiques, sauf sur l'homme. Et encore, l'Église autorise-t-elle la thérapie génique pour guérir un patient, tant que cette thérapie n'affecte pas les cellules germinales. Ce qui serait certainement condamné serait une forme d'eugénisme consistant à vouloir "améliorer" l'espèce humaine. Mais l'Église serait loin d'être la seule !

Quant à l'Académie, on y trouve aujourd'hui 29 prix Nobel, dont 9 en physiologie-médecine :

1968 : Har Gobind KHORANA et Marshall Warren NIRENBERG (interprétation du code génétique)
1974 : George Emil PALADE et Christian DE DUVE (organisation de la cellule)
1975 : David BALTIMORE (liens entre virus et tumeurs)
1978 : Werner ARBER (découverte des enzymes de restriction)
1986 : Rita LEVI-MONTALCINI (découverte des facteurs de croissance)
1990 : Joseph Edward MURRAY (transplantation d'organes)
1999 : Günter BLOBEL (transport intracellulaire)

Est-ce vraiment étonnant que l'Église soit capable d'écouter les personnalités qu'elle a elle-même invitées dans son Académie ?

L'épidémie de A(H1N1) ne s'essoufle pas










Voici les mêmes graphes que le 26 mai, mais réactualisés. Comme tout le monde peut le constater, les trois indices continuent d'augmenter ; on peut même supposer une accélération ces derniers jours pour le nombre de malades.

lundi 1 juin 2009

Les cellules iPS, associées à la thérapie génique, se rapprochent du traitement de malades

C’est une étape supplémentaire qui vient d’être franchie dans la longue route qui mènera les cellules iPS vers la guérison de malades. Nature a publié dimanche un article d’équipes espagnoles et américaines montrant qu’on pouvait reprogrammer des cellules de patients, corriger leur défaut génétique, puis induire leur re-différenciation en un autre type cellulaire. Ces cellules corrigées ne peuvent pas encore être introduites chez des patients, mais pour la première fois on a généré des cellules iPS modifiées génétiquement chez l’homme. "Nous n'avons pas guéri un être humain, mais nous avons guéri une cellule" ; c'est ce qu'a déclaré Juan-Carlos Izpisúa Belmonte, le chercheur qui a dirigé cette étude.

Pourquoi est-ce important ?
Le principal problème de la thérapie génique consiste en la réintroduction chez le patient d’un gène sain ; l’approche la plus souvent tentée est basée sur des liposomes (vésicules à base de lipides) ou des virus modifiés, porteurs du gène sain. Ils sont introduits d’une façon ou d’une autre chez le patient et doivent viser les cellules atteintes, s’y introduire, et espérer que le gène sain ira remplacer le gène muté.
Une autre approche consiste à prélever des cellules, les guérir, puis les réintroduire. C’est évidemment plus simple au moins en théorie, mais cela reste extrêmement difficile avec des cellules différenciées. C’est là que les cellules iPS font toute la différence : on peut en effet prélever des cellules de la peau ou de n’importe quel tissu, les reprogrammer, les guérir puis les faire se différencier en un type cellulaire donné et enfin les réintroduire ; hormis cette dernière étape qui n’est pas encore possible chez l’homme, tout cela vient d’être fait pour l’anémie de Fanconi (voir plus bas) : des cellules de la peau de patients ont donné des cellules de la moelle osseuse indemnes du défaut génétique de ce patient. Ce sont donc des cellules parfaitement compatibles du point de vue immunitaire et qui devraient pouvoir guérir cette maladie.

Ce qu’il faut encore mettre au point
Le protocole de reprogrammation qui marche le mieux à l’heure actuelle consiste à intégrer dans le génome les facteurs induisant cette reprogrammation. Même s’il a été démontré depuis qu’on peut introduire puis éliminer ces facteurs (voir 1, 2, 3), cette méthode marche moins bien et n’a pas été exploitée pour cette étude. C’est ce qu’il faudra faire avant de passer à des tests cliniques où l’on réintroduira les cellules guéries chez des patients.


Qu’est-ce que l’anémie de Fanconi ?
L’anémie de Fanconi est une maladie génétique très rare (1/350.000 naissances) et grave affectant le sang, et plus précisément la moelle osseuse, productrice des cellules sanguines, qui ne joue plus son rôle. De nombreuses et très variables malformations congénitales sont associées et les patients ont un risque accru de cancer, notamment de leucémie. Le seul traitement possible est une greffe de moelle osseuse qui peut guérir l’anémie, mais pas les autres défauts.
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