Cela remet-il en cause les perspectives de thérapie cellulaire à partir des cellules souches ? Non pour deux raisons. La première est qu'on peut sélectionner des cellules non affectées, ou repartir d'un stock congelé rapidement après l'isolation des cellules souches ou leur reprogrammation. La deuxième raison est qu'on peut aussi décider d'utiliser des cellules souches aussi "fraîches" que possible. Et c'est là que cette étude devient intéressante.
Il est difficile d'imaginer que la recherche va pouvoir disposer d'un nombre illimité d'embryons à sacrifier pour la thérapie cellulaire ; et même si on pouvait en créer directement pour des fins de recherche, peu de femmes sont disposées à donner leurs ovules pour cela. Non, les seules cellules souches pluripotentes disponibles à volonté seront les CiPS et non les CSE... Ou encore mieux, on utilisera les CiD qui permettent de s'affranchir de l'étape cellule souche.
Le compte-rendu d'APM Internationa
Vendredi 7 janvier 2011 - 18:49
Des anomalies génétiques détectées dans les cellules souches pluripotentes
Les cellules souches pluripotentes constituent un grand espoir pour la thérapie cellulaire de nombreuses maladies, grâce à la possibilité de faire différencier ces cellules en de nombreux types de cellules. Mais il est "prioritaire" de s'assurer que ces cellules n'ont pas de potentiel tumorigène.
Les aberrations génétiques étant fortement associées au risque de cancer, "il est important que les préparations cellulaires destinées à une utilisation clinique ne présentent pas d'altérations génomiques associées au cancer", commentent Louise Laurent de l'université de San Diego (Californie) et ses collègues.
D'autres équipes ont déjà montré que dans les cellules souches d'origine embryonnaire, des anomalies chromosomiques ont été détectées par caryotypage. Mais cette technique ne permet pas de détecter les petites anomalies génétiques; et pour les iPS, on manquait de données. C'est pourquoi ces chercheurs ont conduit une grande étude en utilisant la technique des SNP (Single Nucleotide Polymorphisms) qui permet de détecter des mutations ponctuelles.
Ils ont étudié 186 échantillons de cellules pluripotentes (130 de cellules souches embryonnaires et 56 de cellules iPS), qu'ils ont comparés à 119 échantillons de cellules non pluripotentes.
Les chercheurs ont mis en évidence un grand nombre d'anomalies, dans les deux types de cellules souches, par rapport aux cellules non pluripotentes.
Les anomalies étaient différentes dans les deux types de cellules. Elles étaient plus nombreuses dans les iPS.
Et surtout, dans les iPS (cellules obtenues en induisant une dédifférenciation en cellules souches de cellules qui initialement sont différenciées), les chercheurs ont constaté que ce processus de reprogrammation était associé à des délétions de gènes suppresseurs de tumeurs. Puis les multiples passages en culture étaient associés à des duplications d'oncogènes.
Enfin, quand ces cellules étaient induites à différenciation, les chercheurs ont encore observé des duplications de gènes.
"Nous ne savons pas encore quels effets -s'il y en a- auront ces anomalies génétiques sur l'avenir des recherches et des applications cliniques [de ce type de cellules], mais nous devons le trouver", commente Jeanne Loring du Scripps Research Institute à La Jolla (Californie), qui a dirigé l'étude.
Les chercheurs ne considèrent pas, à ce stade, que cela remet en question l'intérêt des cellules souches pluripotentes, notamment les iPS. Mais ils concluent sur la nécessité de surveiller régulièrement au cours des multiples passages en culture l'intégrité du génome de ces cellules, et de tenter de trouver des méthodes de création de ces cellules et de culture qui préservent la stabilité génomique.
fb/ab/APM
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