jeudi 10 mai 2012

A-t-on vraiment besoin du clonage ou des cellules souches embryonnaires humaines quand même un petit ver de terre vient à notre aide ?

Il y a plusieurs méthodes permettant d'obtenir des types cellulaires de toute sorte : isoler des cellules souches, reprogrammer des cellules (cellules iPS) ou bien les "transdifférencier" (cellules iD) c'est-à-dire les forcer à adopter un nouveau destin sans passer par la case cellule souche. Cette dernière possibilité a été évoquée à plusieurs reprises sur ce blog et je l'avais choisie comme découverte de l'année en 2010. Toutes ces méthodes passent par une étape de culture cellulaire où on fait pousser des cellules dans des milieux artificiels en dehors de l'organisme d'origine. Peut-on observer des événements de transdifférenciation dans un animal vivant ?
Un article récent d'une équipe française de l'IGBMC paru dans PNAS (revue de l'académie des sciences américaine) vient de montrer que chez le nématode C. elegans on peut suivre en direct un tel événement avec la transformation naturelle au cours du développement d'une cellule épithéliale du rectum en neurone. Ils sont réussi à isoler plusieurs facteurs génétiques contrôlant cette transformation et là, surprise ! Ils ont trouvé qu'une combinaison de quatre facteurs de transcription permet cette transdifférenciation ; mieux encore, ces quatre facteurs font partie de ceux qui ont été identifiés comme essentiels pour avoir des cellules souches chez les mammifères.
Pourquoi est-ce important ? D'abord c'est la première fois qu'on observe et dissèque génétiquement un événement de transdifférenciation in vivo dans un organisme pluricellulaire. Deuxièmement cela démontre une conservation des mécanismes utilisés par la nature pour contrôler le destin des cellules, d'un petit ver d'un millimètre de long qui n'est composé que de 959 cellules à l'homme et ses milliards de cellules. Autrement dit il est possible qu'on ait déjà en main la plupart des outils pour reprogrammer ou transdifférencier des cellules.
Je repose donc la question mise en titre : A-t-on vraiment encore besoin du clonage ou des cellules souches embryonnaires humaines quand même un petit ver de terre vient à notre aide ?

2 commentaires:

Oli07 a dit…

De nouveau, un magnifique article.
Une magnifique démonstration de la beauté de la simplicité et de la complexité tout à la fois du vivant.
Merci encore pour cet article à transmettre à genethique.org

Jambedargent a dit…

Et hop Albert, reprenez le chemin de la barre des favoris !
Merci !!