mardi 8 mai 2012

Redémarrage en douceur

Suite au vote de la nouvelle loi de bioéthique j'avais peu à peu abandonné ce blog considérant que l'essentiel était fait pour un moment. Mais l'élection de dimanche change la donne. Si l'on en croit les media le mois d'août permettra de faire voter l'autorisation de la recherche sur l'embryon avec d'autres réformes telles que l'autorisation de l'euthanasie. Il faut donc reprendre du service avant qu'il ne soit trop tard.

J'en profite pour poster un billet écrit mais jamais publié. Il est un peu technique et revient sur une annonce faite en novembre 2009 avec conférence de presse et articles dans tous les journaux (français, les autres étaient indifférents) : les cellules souches embryonnaires humaines (CSEH) permettraient de synthétiser de la peau humaine pour traiter les grand brûlés. C'était LA preuve qu'il fallait faire des recherches sur les CSEH et autoriser la recherche sur l'embryon. J'avais déjà montré que toutes les expériences rapportées dans cet article avait été réalisées sur de "vieilles" lignées de CSEH isolées depuis longtemps ; autoriser la recherche sur l'embryon n'aurait donc rien changé.

Je m'intéresse cette fois-ci à l'impact qu'a eu cet article. Il est paru le 21 novembre 2009 dans le Lancet. Plus de deux ans se sont écoulés donc on peut mesurer son facteur d'impact, c'est-à-dire le nombre de fois où il a été cité en deux ans. C'est la mesure couramment utilisée pour mesurer l'importance d'un article. L'outil Web of Knowledge indique 29 citations mais n'en montre que 28 (la 29e n'est pas répertoriée). Sur ces 28 publications 4 sont de 2012 donc ne doivent pas être comptées dans l'impact à deux ans. J'ai laissé les publications de décembre 2011 citant cet article. Reste donc 24 citations en deux ans. Le facteur d'impact du Lancet s'établit à 33,6 (on ne connait pas encore son facteur d'impact pour la période 2010-2011 donc j'ai pris celui de 2009-2010 ; mais il augmente depuis cinq ans dont on peut penser que l'écart sera encore plus grand). Autrement dit cet article a été nettement moins cité que les autres publications du même journal. D'autre part on enlève souvent les auto-citations (celles faites par les mêmes auteurs que celui de l'article cité) pour vraiment mesurer l'importance d'un papier. J'en ai compter 8. Cet article "révolutionnaire" a donc été cité seulement 16 fois par d'autres chercheurs en 2 ans. Pour comparaison l'article de Yamanaka sur les cellules souches induites avait été cité plus de 250 fois deux ans après sa publication. Voilà un article qui a vraiment révolutionné la biologie cellulaire.

4 commentaires:

Oli07 a dit…

Merci pour cet article.
"Il faut donc reprendre du service avant qu'il ne soit trop tard."
Il faut aussi et surtout que la recherche avance plus vite que les autorisations légales.Espérons.
Il faut aussi expliquer expliquer et toujours expliquer ce que vous faites magnifiquement.
N'hésitez pas à rééditer les articles de synthèses qui expliquent les enjeux actuels de la bioéthique en les mettant à jours avec les nouveautés que vous suivez si bien.
Je compte toujours sur vous pour le livre "bioéthique pour les nuls" (pourquoi pas en version électronique.Je peux me charger de la mise en ligne via un ami)
;)
Cordialement

Oli07 a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Albert Barrois a dit…

Merci encore une fois pour vos encouragements. Je crains d'avoir trop à faire pour écrire un livre complet. En outre il serait tout de suite obsolète car la recherche avance très vite. Je crois qu'un blog est la meilleure formule pour rester à jour. Mais je vais essayer de trouver une solution !

Anonyme a dit…

Albert, votre retour est une bonne surprise.
Merci de vos efforts pour rendre ces questions à peu près intelligibles aux lecteurs !