samedi 16 juin 2012
Après la trachée, une veine à base de cellules souches
Des cellules souches de la moelle osseuse d'une fille de dix ans ont été utilisées pour reconstituer une veine de 9 cm. Celle-ci lui a ensuite été greffée pour réaliser un pontage de la veine porte qui transporte le sang entre les organes du tube digestif et le foie. Une approche similaire pourrait être utilisée pour des pontages cardiaques. Cet exploit a été réalisé par une équipe suédoise et publié hier dans The Lancet ; dans ce même pays une autre équipe avait réalisé il y a quelques mois la même opération afin de reconstituer une trachée. Dans un cas comme dans l'autre cela permet d'éviter le rejet du greffon, le système immunitaire ne risquant d'identifier ces cellules comme étrangères à l'organisme. Il est urgent d'investir dans ces recherches et ce type d'approche car manifestement la France est en train de prendre un retard important dans ce domaine. Et devinez quoi, il s'agit de cellules souches non embryonnaires bien sûr...
mardi 12 juin 2012
Séquençage du génome : du très dangereux au très bon
Il a fallu plus de dix ans et des millions de dollars pour obtenir la première séquence d'un génome humain qui fut publiée en 2003. Moins de dix ans plus tard il faut quelques jours ou semaines et quelques milliers d'euro pour obtenir la séquence du génome de n'importe qui. Et de nouvelles technologies sont développées tous les jours pour lire l'ADN encore plus vite avec moins d'argent et en faisant moins d'erreurs de lecture. Bref on assiste à une lente mais inexorable montée en puissance d'un nouvel outil de diagnostic permettant de prédire le risque d'apparition d'une maladie avec une assez bonne, voire très bonne ou parfaite, fiabilité. J'utiliserai deux exemples pour illustrer les risques et les bénéfices de ce nouvel outil.
Commençons par les risques. Nous avons tous entendu parler de cette publication parue le 6 juin dans Science Translational Medicine à propos du premier séquençage d'un génome fœtal. C'est un exploit technique indéniable qui a nécessité de séquencer à la fois le génome du père, celui de la mère et celui du fœtus dont l'ADN est retrouvé dans le sang de la mère en très faible quantité. Un avantage non négligeable de cette technique est qu'il suffira d'une simple prise de sang sans aucun risque pour l'enfant. Mais le danger viendra après quand on pourra prédire avec un grand degré de certitude le risque qu'aura l'enfant de développer l'une des trois mille maladies génétiques identifiées à l'heure actuelle... Je vous laisse imaginer ce qui se passera quand on sait le sort réserver aux fœtus chez qui on détecte une trisomie 21. Sans même parler de traits beaucoup plus ordinaires comme la couleur des yeux ou de la peau même si on ne sait pas aujourd'hui les prédire avec certitude.
Une utilisation certainement moins controversée de cette technique de séquençage complet du génome d'une personne donnée est proposée dans un article publié le 10 juin dans Nature. Il s'agit cette fois de séquencer l'ADN trouvé spécifiquement dans un tumeur suite à un cancer. Il s'agit en l'occurrence d'un cancer du sein mais la même méthode peut être appliquée à n'importe quel cancer. Les chercheurs ont pu corréler des mutations détectées spécifiquement dans les tumeurs et la réponse des patients correspondants à un traitement donné. Il s'agit donc cette fois d'une avancée indéniable pouvant grandement faciliter le choix d'une thérapie adaptée à un patient.
Commençons par les risques. Nous avons tous entendu parler de cette publication parue le 6 juin dans Science Translational Medicine à propos du premier séquençage d'un génome fœtal. C'est un exploit technique indéniable qui a nécessité de séquencer à la fois le génome du père, celui de la mère et celui du fœtus dont l'ADN est retrouvé dans le sang de la mère en très faible quantité. Un avantage non négligeable de cette technique est qu'il suffira d'une simple prise de sang sans aucun risque pour l'enfant. Mais le danger viendra après quand on pourra prédire avec un grand degré de certitude le risque qu'aura l'enfant de développer l'une des trois mille maladies génétiques identifiées à l'heure actuelle... Je vous laisse imaginer ce qui se passera quand on sait le sort réserver aux fœtus chez qui on détecte une trisomie 21. Sans même parler de traits beaucoup plus ordinaires comme la couleur des yeux ou de la peau même si on ne sait pas aujourd'hui les prédire avec certitude.
Une utilisation certainement moins controversée de cette technique de séquençage complet du génome d'une personne donnée est proposée dans un article publié le 10 juin dans Nature. Il s'agit cette fois de séquencer l'ADN trouvé spécifiquement dans un tumeur suite à un cancer. Il s'agit en l'occurrence d'un cancer du sein mais la même méthode peut être appliquée à n'importe quel cancer. Les chercheurs ont pu corréler des mutations détectées spécifiquement dans les tumeurs et la réponse des patients correspondants à un traitement donné. Il s'agit donc cette fois d'une avancée indéniable pouvant grandement faciliter le choix d'une thérapie adaptée à un patient.
dimanche 10 juin 2012
Des rats paralysés remarchent : une thérapie sans cellules souches
Et si on essayait d'autres solutions que les thérapies à base de cellules souches ? Faire repousser des neurones après une section de la moelle épinière chez des patients serait un exploit médical extraordinaire et de nombreuses équipes de recherche essayent d'atteindre ce résultat en utilisant des cellules souches. C'était par exemple la démarche de Geron avec le premier essai clinique à base de cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) autorisé, essai abandonné depuis.
Des équipes suisses des universités de Zurich et Lausanne viennent de faire la une des journaux en s'approchant de cet exploit sans utiliser de cellules souches. L'article a été publié récemment dans Science. Après avoir sectionné la moelle épinière de rats devenus alors complètement paralysés, ils ont utilisés une combinaison de molécules pharmaceutiques, chocs électriques et robot d'assistance à la rééducation. L'utilisation d'un seul ou deux éléments seulement ne donne que de piètres résultats. Mais l'exploitation simultanée des trois approches permet d'obtenir des résultats très encourageants. Les chercheurs ont attendus une semaine avant de commencer à traiter les rats. Au bout de plusieurs semaines de traitement et de rééducation les rats étaient capables de marcher et de franchir de petits obstacles comme on peut le voir dans ce film. Certes les rats ne sont pas encore capables de marcher seuls mais après une section de la moelle épinière les neurones moteurs relayant les instructions du cerveaux n'existent plus. Le fait de pouvoir à nouveau bouger les pattes démontre que certains neurones ont été capables de rétablir des connexions entre le cerveau et les membres.
Bref, c'est un spectaculaire exemple de ce que je rapportais dans mon billet précédent à propos du changement d'avis de MJ Fox : à force de se concentrer uniquement sur les cellules souches, et de préférence sur les CSEh, on risque de passer à coté de solutions thérapeutiques au moins aussi prometteuses.
Des équipes suisses des universités de Zurich et Lausanne viennent de faire la une des journaux en s'approchant de cet exploit sans utiliser de cellules souches. L'article a été publié récemment dans Science. Après avoir sectionné la moelle épinière de rats devenus alors complètement paralysés, ils ont utilisés une combinaison de molécules pharmaceutiques, chocs électriques et robot d'assistance à la rééducation. L'utilisation d'un seul ou deux éléments seulement ne donne que de piètres résultats. Mais l'exploitation simultanée des trois approches permet d'obtenir des résultats très encourageants. Les chercheurs ont attendus une semaine avant de commencer à traiter les rats. Au bout de plusieurs semaines de traitement et de rééducation les rats étaient capables de marcher et de franchir de petits obstacles comme on peut le voir dans ce film. Certes les rats ne sont pas encore capables de marcher seuls mais après une section de la moelle épinière les neurones moteurs relayant les instructions du cerveaux n'existent plus. Le fait de pouvoir à nouveau bouger les pattes démontre que certains neurones ont été capables de rétablir des connexions entre le cerveau et les membres.
Bref, c'est un spectaculaire exemple de ce que je rapportais dans mon billet précédent à propos du changement d'avis de MJ Fox : à force de se concentrer uniquement sur les cellules souches, et de préférence sur les CSEh, on risque de passer à coté de solutions thérapeutiques au moins aussi prometteuses.
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