lundi 24 juin 2013

L'écologie humaine et la médecine : bilan d'un atelier

 
Samedi, j’étais au lancement du courant de l’écologie humaine et j’en garderai un excellent souvenir. J’ai notamment pu rencontrer plusieurs personnes dont je ne connaissais que les écrits, via internet ou twitter. Mais le fait le plus marquant de cette journée aura été les ateliers de réflexion, outre les 10 min de silence dont j'ai déjà parlé. Je me suis retrouvé à une table « médecine » avec sept autres personnes : deux internes encore jeunes, un médecin généraliste (désormais en lien via twitter), une infirmière/enseignante à mi-temps (nos étions déjà en lien sur twitter), deux médecins, l’une d’origine polonaise pratiquant à Paris et l’autre venant de la Martinique et spécialiste des soins palliatifs, et enfin une aumônière laïque en hôpital.
La méthode choisie était simple : chacun devait identifier trois questions ou problèmes concernant à la fois la médecine et l’écologie humaine. Nous avons ensuite regroupé ces questions en grandes catégories. Puis nous avons essayé de proposer des réponses à chacune de ces questions.

Si je devais synthétiser nos travaux, je citerai trois questions très générales :

1) Les principes éthiques
Le constat : Le conseil consultatif national d’éthique ne fait plus son travail ; il n’a jamais défini de principes intangibles et ses avis sont de plus en plus consensuels et en accord avec la majorité probable ou même avec une minorité dans le vent. Son récent avis sur le test de dépistage de la trisomie 21 en est la preuve tragique.
La question : Comment refonder une éthique qui ne dérive pas constamment ?
Les pistes : Si le constat et la question étaient clairs, la réponse l’a été moins ! Il y a ceux, très majoritaires, qui voulaient tout faire remonter de la base, et moi un peu seul qui proposait de créer un Comité fantôme sur la base des ministères fantômes de Grande-Bretagne où l’opposition a son propre ministère chargé de répondre point par point au ministère de la majorité en place. Ce Comité serait aussi multidisciplinaire et diversifié que son grand frère et s’auto-saisirait des mêmes questions. Mais je dois bien avouer que je me suis retrouvé un peu seul… mais d’une façon ou d’une autre il faudra redéfinir des principes intangibles dont la base serait la protection de l’homme de la conception naturelle à la mort naturelle.

2) Guérir le patient et non la maladie
Le constat : Le corps médical est de plus en plus fragmenté en spécialistes qui ne se parlent pas assez et les médecins traitent des maladies au lieu de guérir des patients.
La question : Comment remettre le patient au cœur de la médecine ?
Les pistes : La piste principale proposée a été de s’inspirer des réunions qui se font en soins palliatifs mais aussi dans d’autres structures ; mettre dans une même salle les médecins, les spécialistes, les infirmières, les assistantes sociales, bref tout le personnel hospitalier, pour discuter de chaque patient. On y parle davantage de la personne qu’il faut soigner et plus seulement de sa pathologie. Et, surtout en soins palliatifs, il faudrait davantage s’appuyer sur les proches et le bénévolat.

3) La médecine dans un contexte mondialisé
Le constat : en France on a une médecine de luxe et on parle du problème du transhumanisme quand dans d’autres parties du monde on meurt de tétanos, de diphtérie, de diarrhées et tout simplement de l’eau du puits qui n’est pas filtrée.
La question : Comment éviter cette médecine à deux vitesses ?
Les pistes : Il faudrait proposer une médecine du bien commun, par opposition à une médecine du désir ou du bonheur. Ceci permettrait de limiter le désir de toute puissance médicale et de davantage sensibiliser le patient européen aux problèmes qui peuvent se poser dans les pays moins bien lotis.

Un constat personnel
Je rajouterai une constatation personnelle : l’éthique du chercheur et celle du médecin sont très différentes. Le médecin peut être confronté à des dilemmes éthiques quotidiennement, ce qui n’est pas le cas du chercheur ; ce dernier peut passer toute sa vie dans un laboratoire sans jamais avoir à résoudre le moindre problème éthique. C’est pourquoi le chercheur est sans doute plus tenté par une définition simple des grands principes alors que le médecin aura besoin d’une éthique « de tous les jours ». Il faudra trouver une solution pour réconcilier les deux.

1 commentaire:

complémentaire santé a dit…

bravo et bon courage , nos médecins :D