mercredi 18 décembre 2013

Horizon 2020, embryons et cellules souches : un cadre assez contraignant

Conformément à ce qu'ont annoncé certains sites espagnols, l'Union Européenne ne financera pas plus la recherche sur l'embryon humain ou les cellules souches embryonnaires humaines qu'avant, mais pas moins non plus. Un résumé de la situation peut être trouvé ici (en anglais, une source qui a peu de chance d'être favorable aux interdictions). Il s'agit de règles qui s'appliqueront dans le cadre du programme Horizon 2020 qui couvre la période 2014-2020.

- Le principe de subsidiarité s'applique : ne peut être financé dans un pays que ce qui est autorisé par ce même pays.
- Le clonage humain reproductif ne sera pas financé, pas plus que la recherche permettant de modifier l'héritage génétique - en clair on ne peut faire de la thérapie génique que si les modifications ne peuvent pas être transmises.
- Pas de financement pour la fabrication d'embryon à seule fin de recherche.
- Pas de financement s'il y a destruction d'un embryon, y compris pour créer de nouvelles lignées cellulaires. Seules les lignées déjà existantes peuvent êtres utilisées.

Au final : le cadre européen est nettement plus contraignant que la législation française qui autorise la destruction des embryons surnuméraires.

vendredi 6 décembre 2013

Avec de tels arguments, les singes seront des "personnes" dans peu de temps

Qui, du singe ou du fœtus, pourrait devenir une personne juridique aux États-Unis ?

La justice américaine va devoir se prononcer sur la question de savoir si les singes et autres animaux doués d'une certaine forme d'intelligence élémentaire peuvent être considérés comme des "personnes juridiques", et donc avoir les mêmes droits. Il faut savoir que le droit américain considère les animaux comme des choses que l'on "possède" ; il faudrait qu'un juriste le confirme mais j'en déduis que le concept juridique d'animal (être vivant non humain et plus complexe et respectable qu'une plante) n'existe pas en tant que tel, en tout cas pas pour l'aspect qui nous intéresse.

Mais là n'est pas l'objet de ce billet. Je veux plutôt vous parler de ce que la prestigieuse revue Science rapporte à ce sujet (l'article ne peut être lu que par les abonnés). Après avoir longuement décrit la stratégie juridique des promoteurs de ce changement de statut juridique qui concernerait non seulement les singes mais aussi les éléphants, les dauphins, les baleines etc. Pour cela ils s'appuient sur la cas de James Somerset, un esclave noir qui s'est vu reconnu comme "personne juridique" et non plus comme un objet qu'on pouvait posséder en 1762 ; la reconnaissance de ce statut suffit ensuite à le déclarer libre. Passons sur le fait que cela implique de mettre sur le même pied un esclave noir et un singe ou un dauphin ce qui est en soi déjà assez détestable ; ce n'est encore pas de cela que je veux vous parler.

Non, ce qui me sidère c'est la pauvreté des arguments des chercheurs à qui on a demandé leur avis. Un exemple ? "Assigning rights to animals akin to what humans have would be chaotic for the research community" ["donner des droits humains à des animaux serait catastrophique pour la communauté des chercheurs"], déclaration du président de l'Association Nationale de la Recherche Biomédicale. Ou bien celui-ci : "he is concerned that the personhood movement will draw resources away from initiatives to save animals in the wild" ["il a peur que ce mouvement empêche d'accéder aux ressources qui permettraient de sauver ces animaux sauvages"]. Avec des arguments comme ça, ils ont déjà perdu... Je préfère souvent le pragmatisme anglo-saxon à la tendance française qui est le plus souvent de conceptualiser et généraliser mais en l'occurrence, au moins pour cette fois, il vaudrait mieux voir les choses par le grand bout de la lorgnette plutôt que l'inverse. Ne pourrait-on pas raisonner en terme de personnes, d'animaux et des plantes, avec des droits afférents tenant compte des évidentes différences biologique ? Car comme fait remarquer un autre chercheur, après les singes et les dauphins, que se passera-t-il ? Les souris, les rats, les poissons, les drosophiles ? Mais rassurez-vous, les embryons et les fœtus ne seront toujours pas des personnes juridiques et devront se satisfaire de leur statut... qui n'existe pas !

Addendum du 11 décembre 2013
J'avais tort de m'inquiéter et le bon sens a prévalu, au moins pour le moment : les trois premiers procès sont déjà réglés par trois refus ; dans un cas le juge a même refusé d'écouter les avocats (source). Mais les promoteurs de ce statut de "personne juridique" des animaux ne désarment pas et font appel.

jeudi 5 décembre 2013

À voir sur KTO : Science et Foi par Michel Morange


Michel Morange présente rapidement un état des lieux dans le débat entre la Foi et la science. Il est professeur de biologie et d'histoire des sciences à l'ENS, directeur du Centre Cavaillès et membre de l'Académie Catholique de France.

Je retiendrai en particulier le refus de faire intervenir Dieu dans l'évolution à chaque fois que la situation nous paraît trop complexe pour que cela ait pu survenir naturellement. En plaçant Dieu dans nos ignorances nous prenons le risque de devoir le faire bouger si et quand la science donne une explication. Cet argument, le plus puissant qui soit contre l'idée que Dieu est intervenu régulièrement pour "contrôler" l'évolution, est très proche du "Dieu est trop grand pour le mettre dans des trous" de Benoît XVI : "Not as if I wanted now to cram the dear Lord into these gaps: He is too great to be able to find lodgingd in such gaps" (Creation and Evolution, Ignatius Press, San Francisco, 2008, p161).