Addendum du 15 novembre 2014 : ACT a publié un article (utiliser ce lien pour le télécharger) dans le très prestigieux journal médical The Lancet où sont rapportés des effets positifs pour ce premier essai à base de CSEh.
On peut légitimement penser que les cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) démontreront tôt ou tard leur efficacité thérapeutiques. Que fera-t-on alors ?
On peut légitimement penser que les cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) démontreront tôt ou tard leur efficacité thérapeutiques. Que fera-t-on alors ?
Travailler avec
des CSEh est possible depuis 1998 quand le
laboratoire de James Thompson a réussi à en isoler à partir d'embryons
surnuméraires. Mais pendant longtemps, peu de laboratoires ont pu les utiliser
en raison soit d'interdictions, soit de conditions plus ou moins drastiques
limitant considérablement leur utilisation. Ceci explique sans doute les
résultats fort maigres obtenus en plus de 15 ans avec ces cellules. Par rapport aux cellules
souches adultes, ou même aux cellules iPS de Shinya Yamanaka découvertes
seulement en 2007, les cellules souches embryonnaires sont encore relativement
peu citées. Nombreux sont ceux qui utilisent cet argument pour les
disqualifier. Je crois que c'est une erreur : que dirons nous quand on aura
prouvé leur efficacité thérapeutique, ce qui sera nécessairement démontré tôt
ou tard ? Il est indéniable que c'est un formidable outil, reste qu'il n'en est pas moins questionnable en terme d'éthique.
Pourquoi les CSEh seront (sans doute) efficaces
Quelques exemples
démontrent en effet que leur potentiel thérapeutique est bien réel. Le premier
est l'essai conduit par Advanced Cell Technology, la société de Robert Lanza. Cet
essai consiste à tenter de guérir des dégénérescences maculaires affectant la
rétine et donc vision, qu'elle soit liée à l'âge ou héréditaire (maladie de
Stagardt). Lanza lui-même a fait savoir en mai 2013 (voir ce billet du blog)
qu'au moins un patient avait récupérer une très bonne vision lors de l'essai
clinique de phase I. Les résultats de cet essai ne sont toujours pas publics,
mais une rumeur récente fait état d'une prochaine annonce liée à cet essai.
Le deuxième exemple est le traitement de crises cardiaques chez les macaques
avec des cellules du muscle cardiaque dérivées de CSEh (voir ce billet pour les détails et les caveat).
On pourrait encore cité le travail d'équipes françaises qui cherchent à reconstituer
une peau à partir de CSEh (voir ce billet),
ou la reprise récente d'un essai visant à traiter les lésions de la moelle
épinière.
Que peut-on faire ?
On est encore
loin de guérisons systématiques et de traitements courants, mais il faut se
faire à l'idée que cela arrivera tôt ou tard. Les cellules souches adultes ne
peuvent pas générer tous les types cellulaires contrairement aux cellules
souches embryonnaires ou aux cellules iPS. Et ces dernières, qualifiées par
certains de cellules "OGM" (très facile de les disqualifier ainsi), n'ont pas encore fait la preuve d'une
utilité thérapeutique, même si elle semble évidente. Quoiqu'il en soit, il
conviendrait de ne pas critiquer les CSEh en se basant sur le fait que leur
utilité thérapeutique est non démontrée à ce jour, mais de se focaliser plutôt
sur le respect de la vie humaine du commencement à la fin. Cela permettrait
d'englober ce sujet particulier dans un contexte beaucoup plus général du
respect de la vie humaine à tous les stades, de l'embryon au vieillard en
passant par le handicapé et le malade en phase terminal. Car en réalité,
l'efficacité ou non des CSEh n'est pas la question majeure face à la valeur que
l'on donne à la vie humaine, même s'il est probable qu'à terme elles
permettront à leur tour de sauver d'autres vies, mais à quel prix... Les
solutions éthiques valides existent, autant se focaliser sur elles. Tout comme il est recommandé de le faire pour les vaccins dont certains sont développés en utilisant des cellules humaines fœtales issues d'un avortement thérapeutique.
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