Le 2 mars je vous parlais d'études publiées dans Nature démontrant qu'on pouvait utiliser des transposons et le système piggyBac pour générer des cellules iPS puis retirer les séquences des gènes introduits (ici). Puis le 7 mars, un article dans Cell montrait qu'on pouvait aussi utiliser le système Cre/Lox (là). L'inconvénient de ces méthodes étaient qu'il restait tout de même quelques séquences utilisées pour introduire les gènes de reprogrammation dans le génome des cellules iPS, ou bien que la quantité de travail impliquée était très important.
Hier Science a publié un article de l'équipe de James Thomson démontrant qu'on pouvait faire encore mieux en utilisant des épisomes (dans ce cas basés sur le vecteur oriP/EBNA1) qui ne s'intègrent à aucun moment dans le génome des cellules différenciées que l'on va reprogrammer. Ces plasmides sont maintenues grâce à une pression de sélection sous la forme d'une drogue ajoutée au milieu. Lorsque la reprogrammation est achevée, il suffit de retirer la drogue pour que les cellules perdent leur épisome au rythme de 5% des cellules par génération. On se retrouve donc rapidement avec une population de cellules iPS ne contenant plus de traces des gènes utilisés pour la reprogrammation sans efforts particuliers. Mais contrairement à la tendance de ces derniers mois consistant à réduire le nombre des gènes introduits, cette équipe en a mis deux de plus, introduisant OCT4, SOX2, NANOG, LIN28, c-Myc et KLF4. Le fait de pouvoir facilement les enlever ensuite rend possible cette stratégie.
Les cellules reprogrammées ressemblaient bien sûr à des cellules souches embryonnaires (rapport noyau/cytoplasme important, nucléoles facilement visibles, colonies compacts). Et elles ont été capables d'induire des tératomes dans des souris immunodéprimées.
La méthode utilisée n'est pas très efficace, permettant d'obtenir 3 à 6 colonies en partant d'un million de fibroblastes. Mais ces fibroblastes sont faciles à avoir car ils ont été isolés à partir de la peau - chez des nouveaux-nés en ce qui concerne cette étude, ces cellules étant disponibles chez ATCC.
Les cellules souches embryonnaires ont-elles encore un avenir ?
Il est trop tôt pour savoir si la levée par Obama de l'embargo imposé par Bush aura un très fort impact. Mais des sources concordantes que je garderai pour moi suggèrent que de plus en plus de laboratoires se tournent vers les cellules iPS qui pourraient prendre une avance considérable car il n'y a quasiment aucun problème éthique et on peut facilement les obtenir. Finalement, peut-être s'apercevra-t-on un jour que la décision de Bush aura donné le temps - même involontairement - aux cellules iPS de révolutionner la biologie cellulaire !
Source : Science DOI: 10.1126/science.1172482
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