Le 23 juillet dernier, une équipe chinoise démontrait qu'on pouvait générer des souris adultes et fertiles à partir de cellules adultes reprogrammées en cellules iPS (voir ici) ; il suffisait pour cela d'injecter ces cellules dans un embryon tétraploïde au stade blastocyste. Le fait que l'embryon de départ soit tétraploïde, c'est-à-dire qu'il contient deux plus d'ADN que la normale, est crucial : il ne pourra fournir que les tissus extra-embryonnaires, donc seuls les cellules injectées formeront le nouvel embryon. On savait le faire avec les cellules souches embryonnaires (CSE), démontrant ainsi leur pluripotence. On sait désormais le faire aussi avec les cellules iPS, établissant ces dernières définitivement comme des équivalentes des CSE.
À quoi joue Nature ?
Le 2 août, Nature a publié un second article, d'une équipe américaine cette fois, décrivant le même résultat. Il n'est pas rare que le même résultat soit publié deux fois, mais cela se fait toujours simultanément, les deux articles étant publiés en même temps. Pourquoi donc ce décalage de quelques jours ? C'est sans doute dû au fait que le journal Cell Stem Cell a publié lui aussi ce résultat le 23 juillet, au détail près qu'aucun adulte reproducteur n'avait été obtenu dans cette troisième étude. On peut donc penser que Nature n'a pas voulu se faire voler la vedette et a publié rapidement l'article déjà prêt...
Une phrase qui n'a pas de sens
Dans l'introduction du second article de Nature, on lit ceci : "Autonomous generation of mice from iPS cells would validate direct reprogramming as equivalent to reprogramming by SCNT, establish iPS cells as functional substitutes for ES cells, and provide a new method to generate adult mice from differentiated." [La formation de souris de façon autonome à partir de cellules iPS validerait la reprogrammation directe comme l'équivalent de la reprogrammation par transfert nucléaire de cellule somatique [le clonage en langage commun], établissant les cellules iPS comme un substitut fonctionnel pour les cellules souches embryonnaires, et fournirait une nouvelle méthode pour générer des souris adultes à partir de cellules différenciées.]
La première partie de cette phrase n'a pas de sens : le clonage consiste à mettre le noyau d'une cellule différenciée dans un oocyte. On crée donc un embryon comme l'a prouvé l'obtention de la brebis Dolly. En revanche, la reprogrammation en cellule iPS ne produit pas un embryon, ce n'est donc pas l'équivalent du clonage. Certes, dans les deux cas on reprogramme une cellule différenciée, mais il y a un monde entre placer un noyau dans un oocyte et introduire quatre facteurs de transcription. Ce qui crée un embryon dans ce dernier cas, c'est l'injection de cellules iPS dans un blastocyste tétraploïde. Je suis donc en revanche tout à fait d'accord avec la deuxième partie de la phrase : les cellules iPS sont bien validées comme des substituts aux cellules souches embryonnaires.
On pourra aussi se reporter à une discussion sur ce sujet sur ce blog.
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