samedi 11 septembre 2010

**** Le saint Graal des cellules souches du sang ?

Ce titre n'est pas de moi mais d'un commentaire paru avec un article publié hier par la revue américaine Science. Cette nouvelle est passée complètement inaperçue dans la presse francophone : pas une dépêche, pas un article, rien. C'est pourtant une découverte qui pourrait sauver la vie de dizaine de milliers de personnes et révolutionner la thérapie cellulaire, rien que ça. Évidemment, il ne s'agit que de cellules souches adultes et ce n'est pas très à la mode...
À ce jour, le succès majeur de la thérapie cellulaire vient des cellules souches hématopoïétiques (CSH), ces cellules qui se trouvent dans la moelle osseuse et dans le sang et fabriquent le sang avec ses globules rouges, ses globules blancs et ses plaquettes. En 2006 il était estimé que la transplantation de CSH avait déjà permis de sauver plus de 50.000 vies !
Mais le principal problème de cette thérapie est qu'il est très difficile de cultiver les cellules souches prélevées chez un donneur sain pour les multiplier suffisamment avant transplantation. Des greffons restent donc non utilisés lorsqu'on estime qu'ils sont trop pauvres en CSH.

Une découverte majeure grâce à un protocole ambitieux
Les chercheurs américains ont utilisé la force brute pour identifier une molécule susceptible d'induire la prolifération des CSH humaines : pas moins de 100.000 petites molécules chimiques ont été criblées sur des CSH du sang. Après cinq jours de culture en présence de chaque molécule, le nombre de CSH était évalué. L'une d'elles, le StemRegenin1 (SR1) a permis d'induire une multiplication par 17 du nombre de cellules capables d'induire une repopulation durable des CSH chez les souris. Aucun autre traitement connu à ce jour (TAT-HOXB4, TAT-NF-Ya, Notch ligand Deltaext-IgG, pleiotrophin, et angiopoietin-like molecule 2 et 3) ne permet d'obtenir un tel résultat.


Les cellules souches de sang de cordon sont aussi amplifiées
Après avoir travaillé avec des CSH du sang d'adultes, l'équipe de recherche a testé le rôle de SR1 sur du sang de cordon, obtenant une amplification similaire. Or le faible volume du sang de cordon a limité son utilisation à la pédiatrie car on considère que ce volume ne suffit pas pour un adulte. Cela va bientôt changer, rendant urgent la mutiplication des banques de sang de cordon. Faut-il rappeler que la France est très sérieusement en retard dans ce domaine ?
Ne s'arrêtant pas, ils ont cherché à savoir comment agissait SR1 et démontré qu'il bloque un récepteur ("aryl hydrocarbon receptor" aussi appelé AHR) à la surface des cellules, induisant ainsi leur prolifération. On a donc une cible moléculaire identifiée sur laquelle les travaux vont pouvoir désormais se concentrer.

Ce qu'il faut retenir
En découvrant un moyen de multiplier le nombre des cellules souches humaines à l'origine du sang, les chercheurs vont permettre d'utiliser davantage de greffons, voire peut-être d'utiliser le même greffon pour plusieurs patients. On a remarqué que le simple fait d'utiliser les cellules souches de deux cordons ombilicaux améliorait grandement l'efficacité d'une transplantation. Il est facile d'imaginer qu'une multiplication par un facteur 10 du nombre de cellules souches sera plus que suffisant pour rendre le sang de tous les cordons utilisables. Et cela donne du poids aux avocats des transplantations autologues de sang de cordon, rendant réaliste l'idée de stocker le sang du cordon d'un enfant pour qu'il puisse l'utiliser plus tard si nécessaire.
Reste une question majeure : SR1 sera-t-il capable d'induire la différenciation d'autres cellules souches adultes comme celle de la peau ou de l'intestin ? Nul doute que les expériences sont déjà en cours... Et si c'est le cas, je conclurai avec Science qu'ils ont découvert le saint Graal de la thérapie cellulaire. Et cela méritait bien quatre étoiles.

1 commentaire:

Oli a dit…

Vive SR1!!!
Merci de nous communiquer cette bonne nouvelle.