samedi 4 mai 2013
Traiter le diabète sans insuline et sans cellules souches ?
La thérapie cellulaire est grosse des mêmes promesses que la thérapie génique il y a 20 ans. Mais de même que la thérapie génique tarde à montrer son efficacité, il ne faut pas tout miser sur les cellules souches.
Le diabète de type 2 est une maladie dévastatrice affectant plus de 300 millions de personnes dans le monde. Il est dû à une déficience des cellules du pancréas appelées cellules bêta qui sécrètent l’insuline et régulent ainsi le taux de sucre contenu dans le sang. Les cellules souches semblaient une bonne façon de renforcer ou reconstituer un pancréas déficient : pas moins de 700 articles de recherche parlent de diabète et de cellules souches embryonnaires (au 1er mai sur pubmed). C’était sans compter sur la bêtatrophine, petite dernière de la grande famille des hormones qui régulent le développement et l’homéostasie du corps.
Dans un article publié par la très prestigieuse revue Cell (qui publia en 2006 les travaux de Yamanaka sur les cellues iPS) Douglas Melton, co-directeur du Harvard Stem Cell Institute de Cambridge (USA) et ses collaborateurs viennent d’identifier une nouvelle hormone qu’ils sont appelé la bêtatrophine. Après avoir traité des souris de façon à bloquer leur production d’insuline, ils ont cherché à savoir comment les souris répondaient. Ils ont ainsi trouvé un gène dont l’expression augmente alors considérablement et qui code une protéine sécrétée par le foie et les cellules adipeuses. L’introduction de copies supplémentaires de ce gène codant la bêtatrophine est capable d’induire la multiplication des cellules bêta du pancréas, mais n’a aucun effet sur les autres tissus. On peut ainsi corriger les défauts de sécrétion d'insuline ce qui permettrait de traiter un diabète de type 2, voire aussi de type 1.
Ce qu’il reste à faire
Pour le moment cette étude a été réalisée chez des souris encore jeunes. Il reste à démontrer que la bêtatrophine aura le même effet chez des souris plus âgées, et bien sûr il faut espérer que cette hormone aura le même effet chez l’homme. D’autre part la bêtatrophine elle-même n’a pas encore été isolée car les recherches ont été effectuées à partir du gène codant cette protéine et non directement avec la protéine. L’équipe de recherche s’est associée à deux entreprises de biotechnologie pour synthétiser cette protéine en grande quantité ; on parle à l’heure actuelle d’un délai de deux ans avant d’avoir produit une quantité suffisante de bêtatrophine pour des essais chez l’homme.
Une avancée majeure reconnues par Nature et Science
C’est cependant un grand espoir pour le traitement du diabète de l’avis de plusieurs spécialistes tels que Matthias Hebrok, directeur du “Diabetes Center” de l’université de San Francisco, ou Henrik Semb, directeur du “Centre danois des cellules souches” à Copenhague au Danemark. D'ailleurs les revues rivales Science et Nature ne s'y sont pas trompées en consacrant immédiatement une annonce à cet article. Des injections hebdomadaires ou mensuelles voire moins fréquentes de cette molécule pourrait remplacer les injections quotidiennes d’insuline. Et cela démontre de façon magistrale à quel point la recherche sur les cellules souches, embryonnaires ou non, ne doit pas occulter les progrès fantastiques réalisés en suivant d’autres routes. Ironie de l’histoire, Douglas Melton utilise aussi dans son laboratoire des cellules souches embryonnaires humaines qui n’auront servi à rien pour obtenir ce résultat.
Autre source : Science Daily
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