dimanche 22 mars 2009

Le préservatif aggrave-t-il le problème du SIDA ?

Oui répond Edward C. Green, directeur d'un programme de recherche sur la prévention du SIDA à Harvard. Il l'a dit lors d'un entretien tout récemment. Il l'avait déjà écrit en 2003 :
"There is no evidence that mass promotion of condoms has paid off with a decline of HIV infection rates at the population level in Africa, according to a new UNAIDS assessment of condom effectiveness. In fact, countries with the highest levels of condom availability (Zimbabwe, Botswana, South Africa, Kenya) also have some of the highest HIV prevalence rates in the world."
[Il n'y a pas de preuve qu'une promotion massive du préservatif ait permis d'obtenir une baisse des taux de contamination par le VIH au niveau de toute une population en Afrique, selon un récent bilan de l'ONUSIDA sur l'efficacité du préservatif. En fait, les pays avec les niveaux de disponibilités de préservatifs les plus importants (Zimbabwe, Botswana, Afrique du Sud, Kenya) ont aussi parmi les plus forts taux de prévalence du VIH au monde - traduction AB].

Mercredi, il a affirmé : "The Pope is correct, or put it a better way, the best evidence we have supports the pope’s comments (...) condoms have been proven to not be effective at the ‘level of population.’ There is a consistent association shown by our best studies, including the U.S.-funded ‘Demographic Health Surveys,’ between greater availability and use of condoms and higher (not lower) HIV-infection rates. This may be due in part to a phenomenon known as risk compensation, meaning that when one uses a risk-reduction ‘technology’ such as condoms, one often loses the benefit (reduction in risk) by ‘compensating’ or taking greater chances than one would take without the risk-reduction technology.”
[Le Pape a raison, ou bien disons que tous les indices dont nous disposons vont dans le même sens que ce qu'à dit le Pape (...) Il a été démontré que les préservatifs ne sont pas efficaces au niveau d'une population. Il y a un lien récurrent, démontré par nos meilleurs études, y compris les "Demographic Health Surveys", entre une plus grande disponibilité et utilisation des préservatifs et un taux d'infection au VIH plus élevé (et non moins élevé). Ceci peut être dû en partie au phénomène connu sous le nom de "compensation du risque", ce qui signifie que si quelqu'un utilise une technique de réduction d'un risque comme le préservatif, il perd souvent le bénéfice de cette réduction en compensant, ou prenant plus de risques que s'il n'avait pas utilisé cette technique - traduction AB]

Citons maintenant Helen Epstein, journaliste indépendante et spécialiste de santé publique dans les pays en voie de développement, auteur notamment de The Invisible Cure: Why We Are Losing The Fight Against AIDS in Africa. Dans le British Medical Journal, voici ce qu'elle écrivait en novembre 2008 :
"Increased condom use also contributed to these declines, but where condom use alone has increased and partner reduction has not occurred, HIV infection rates have not fallen. Universal monogamy is an impossible goal anywhere, but mathematical modelling studies suggest that even small changes in the fraction of people with multiple partnerships can decrease everyone’s risk by breaking up transmission pathways (Morris M, unpublished data). When most transmission occurs in long term relationships, only unrealistically high rates of consistent condom use would achieve the same effect."
[Une augmentation de l'utilisation de préservatifs a aussi contribué à ces déclins, mais quand seule l'utilisation du préservatif a augmentée mais qu'il n'y a pas eu de baisse du nombre de partenaires, le taux d'infection par le VIH n'a pas baissé (Hearst N & Chen S. Stud Fam Plann 2004;35:39-47). La monogamie universelle est un but impossible où que ce soit, mais les modèles mathématiques suggèrent que même un petit changement parmi les gens qui ont des partenaires multiples peut diminuer le risque de chacun en cassant les chaînes de transmission (Morris M, données non publiées). Quand la plupart des infections arrivent dans des relations à long terme, seuls des taux non réalistes d'utilisation du préservatif pourrait permettre d'obtenir le même effet - traduction AB]
Certes, Helen Epstein ne va pas aussi loin qu'Edward Green, mais elle dit explicitement que le préservatif ne sert à rien s'il n'y a pas un changement de comportement. Et maintenons on peut lire la suite de la réponse de Benoît XVI...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Enfin, deux notes de quelqu'un de la partie, qui donnent des arguments biologiques (et dans le texte original et avec traduction).
Vraiment remontant dans le vacarme trop souvent approximatif anti (et pro...) BXVI. Merci !