lundi 15 avril 2013
Des nouvelles de la transdifférenciation
La transdifférenciation, aussi appelée conversion directe, consiste à transformer des cellules différenciées en d’autres cellules différenciées sans passer par l’étape cellule souche non différenciée. Cette technique est utilisée ici pour transformer des fibroblastes très ordinaires en oligodendrocytes, des cellules indispensables au bon fonctionnement du système nerveux.
Plusieurs maladies aux conséquences dévastatrices (sclérose en plaque, infirmité motrice cérébrale, leucodystrophie congénitale) sont dues à la disparition d’une classe particulière de cellules qu’on appelle « oligodendrocytes » ; ces cellules sont responsables de la formation d’une gaine autour des cellules nerveuses proprement dites, assurant leur survie et leur fonctionnement correct. Il est très difficile d’isoler les précurseurs de ces cellules et la seule alternative consiste à apprendre à la générer en laboratoire. Pour cela on utilisait jusque là des cellules souches embryonnaires, mais le processus de différenciation était trop complexe au dire des auteurs des articles, ou bien on effectuait des prélèvements suite à des avortements thérapeutiques, une solution guère plus pratique car ces tissus sont rares et ces cellules se divisent peu (sans parler bien sûr des considérations éthiques).
Générer facilement des quantités importantes de ces oligodendrocytes, c’est ce que viennent de faire deux équipes dont les résultats sont publiés dans la revue Nature Biotechnology (ici et là), une petite sœur de Nature. Les deux équipes ont chacune de leur coté réussi à mettre au point des protocoles permettant d’obtenir ces cellules à partir de fibroblastes, autres cellules qui sont elles tout à fait ordinaires et que l’on trouve partout dans le corps. Une fois transplantées chez des souris, ces cellules ont été capables d’assurer leur fonction normale de myélinisation des neurones.
Caveat
Les deux articles montrent comment reprogrammer des fibroblastes embryonnaires de souris ou de rats ; inutile de préciser qu’une telle source tissulaire poserait de graves problèmes éthiques chez l’homme. Cependant cela démontre une fois de plus la possibilité de convertir directement des cellules différenciées en d’autres cellules différenciées sans passer par l’étape cellule souche non différenciée. L’avenir de la thérapie cellulaire est sans doute davantage dans ces découvertes que dans les cellules souches embryonnaires humaines ou même les cellules iPS. Et nul doute qu’on saura bientôt les générer en partant de fibroblastes adultes et non plus embryonnaires.
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