lundi 22 avril 2013

RIP François Jacob

 
François Jacob (à gauche sur la photo), compagnon de la Libération et prix Nobel de physiologie-médecine avec Jacques Monod et André Lwoff en 1965 pour la découverte de la régulation de l’expression des gènes, est mort vendredi. Il avait longtemps travaillé à l’Institut Pasteur. Il était un immense chercheur et l’auteur de plusieurs livres dont La logique du vivant et Le jeu des possibles.














Monod et Mère Teresa
Quand je suis devenu biologiste j’ai lu coup sur coup Le hasard et la nécessité de Monod et Le jeu des possibles de Jacob. Des deux livres, le plus puissant est de très loin celui de Monod que l’on sent plus tourmenté et moins sûr de lui que Jacob. C’est Monod qui aurait bien pu être converti par Mère Teresa lors d’un débat à la télévision canadienne. Les deux comptes-rendus trouvés sur internet (ici et ) évoquent un Monod très secoué souhaitant ne surtout pas recroiser Mère Teresa sous peine de voir son athéisme définitivement ébranlé.

Jacob et la fin de la Vérité
Rien de tel dans Le jeu des possibles de Jacob dont l’avant propos révèle une foi inébranlable dans la science et la certitude que la Vérité n’existe pas : « Il y a belle lurette que les scientifiques ont renoncé à l'idée d'une vérité ultime et intangible, image exacte d'une réalité qui attendrait au coin de la rue d'être dévoilée (...) Que la vie et l’homme soient devenus objets de recherche et non plus de révélation, peu l’acceptent (…) Les catastrophes de l’histoire sont moins le fait des scientifiques que des prêtres et des hommes politiques (…) Ce ne sont pas les idées de la science qui engendre les passions. Ce sont les passions qui utilisent la science pour soutenir leur cause (…) Avoir contribué à casser l’idée d’une vérité intangible et éternelle n’est peut-être pas l’un des moindres titres de gloire de la démarche scientifique. » Pas beaucoup de place pour le doute dans tout ça… Mais il faut cependant reconnaître à Jacob une intuition puissante sur le rôle du bricolage dans l'évolution.
Et je retiendrai aussi cet hommage, tiré du premier chapitre : « Mais c’est sans doute la nature du mythe [sic] judéo-chrétien qui a rendu possible la science moderne. Car la science occidentale est fondée sur la doctrine monastique d’un univers ordonné, créé par un Dieu qui reste hors de la nature et la gouverne par des lois accessibles à la raison humaine. »

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