Une équipe de chercheurs de Newcastle en Grande-Bretagne vient de publier un article dans Nature où ils proposent une méthode pour éviter la transmission de maladies génétiques héréditaires. Ces maladies sont transmises par les mitochondries, les centrales énergétiques de la cellule. En réalisant cette prouesse technique, ils n'ont en réalité que reproduit chez l'homme ce qui a été fait chez le singe l'année dernière ( 2009 Nature 461, 367-372).
Détails techniques
Les mitochondries possèdent un peu d'ADN qui est recopié et transmis par les mitochondries, indépendamment de l'ADN du noyau. Les quelques gènes qu'elles contiennent peuvent porter des mutations qui seront transmises uniquement par la mère car le spermatozoïde ne transmet que très peu de mitochondries. Pour éliminer une maladie génétique mitochondriale, il faut donc remplacer les mitochondries de la cellule-œuf après la fécondation par des mitochondries qui ne portent pas la maladie. Il serait impossible d'enlever les mitochondries car elles sont trop petites et trop nombreuses. La solution consiste donc plutôt à enlever le noyau, ce qu'on sait faire, puis à l'introduire dans une cellule-œuf saine dont on a détruit le noyau propre. On se retrouve alors avec une cellule-œuf dont le noyau est issu, comme pour tout le monde, de la fécondation d'un ovule par un spermatozoïde, mais dont le cytoplasme vient d'un troisième parent.
Il faut préciser que les embryons ainsi obtenus ont été détruits après quelques jours de développement car cette technique est interdite en Grande-Bretagne. Les singes ainsi générés aux États-Unis l'année dernière se portent bien aux dernières nouvelles.
Qu'en penser ?
En soit, le but est tout à fait louable puisqu'il consiste à vouloir donner des enfants non malades à des parents qui sinon auraient un risque important d'avoir des enfants porteurs de graves maladies. Il n'y a pas d'obstacle technique majeur et au regard du risque d'avoir un enfant malade, le risque impliqué par cette technique est sans doute inférieur.
Cependant une fois de plus le chercheur et le médecin remplacent la nature et "jouent à Dieu". On peut citer plusieurs problèmes. Tout d'abord ça coûtera très cher car il faut beaucoup d'ovules qui devront être donné (ou vendus dans d'autres pays) par des femmes volontaires. Le taux de succès est pour le moment très faible : 80 embryons ainsi obtenus dont seulement 18 ont dépassé le stade huit cellules et très peu le stade blastocyste (environ 100 cellules). De plus la technique adoptée ici nécessite la destruction directe d'un embryon puisqu'on n'en fabrique qu'un à partir de deux cellules-œufs, cela sans compter tous les embryons créés qui ne pourront pas se développer, ceux qui ne seront pas implantés. Que se passera-t-il si le fœtus finalement autorisé à se développer est lui-même porteur d'une autre maladie ? Etc.
Pour les catholiques, point n'est besoin de réfléchir longtemps pour savoir que cette technique sera condamnée, comme toutes les fécondations in vitro. Il est sans doute inutile de détailler ici les raisons d'une telle condamnation qui n'a pas grand chose à voir avec la science mais davantage avec le fait que la procréation humaine devrait se faire en respectant la loi naturelle. Il n'y a pas de solution miracle pour les familles touchées par ce type de maladie. Cependant elles devraient recevoir des aides très importantes pour la prise en charge des enfants malades. D'autre part l'adoption d'un enfant est une alternative à la fabrication in vitro d'un embryon qui sera validé en laboratoire avant d'avoir le droit de survivre.
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1 commentaire:
"Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer" c'est certainement la devise de ces scientifiques...
feraient-ils allègrement autant d'expériences s'ils devaient mettre en péril la vie ou seulement la santé de leurs parents quand bien même ils justifieraient cela par une fin bonne: obtenir un soulagement pour un tiers, lui procurer un bien qui n'est pas nécessaire ou dû...
Sciences sans raison n'est que ruine de l'...
Merci pour vos derniers articles toujours aussi utiles.
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