Les revues Science et Nature suivent attentivement les recherches sur le virus A(H1N1) qui se propage peu à peu à travers le monde. L'OMS compte à ce jour 12 515 cas de grippe et 91 morts.
Une bonne nouvelle : peu de différences entre de nombreux isolats
Un article publié par Science le 22 mai est le fruit d'une collaboration de 59 chercheurs analysant 56 isolats du virus au Mexique et aux États-Unis. Je passerai sur les détails fort complexes que contient cet article sur l'origine du virus qui est un réarrangement de virus circulant chez l'homme, chez les oiseaux et chez les cochons. La bonne nouvelle vient de ce que les isolats sont très semblables entre eux pour le moment, beaucoup plus que ne le sont les isolats de grippe saisonnière ; ceci suggère que le virus mute peu, et donc qu'un vaccin pourrait plus facilement lutter contre les différentes souches causant cette épidémie (source : le commentaire de Science sur cet article).
Pourquoi les jeunes sont-ils plus touchés que les vieux ? Une bonne nouvelle, mais seulement pour les "seniors"
Traditionnellement, la grippe saisonnière concerne surtout les personnes âgées. Rien de tel avec ce virus qui fait plus de victimes chez des gens jeunes. Comment expliquer ce paradoxe ? Nature se fait l'écho d'un article paru dans le Morbidity and Mortality Weekly Report où sont analysés 359 échantillons prélevés entre 2005 et 2009. 33% des personnes de plus de 60 ans ont des anticorps réagissant au virus A(H1N1), contre seulement 6 à 9% des 18-64 ans, et aucun chez des enfants. On peut donc penser que les vaccins récents (depuis 2005) ne protègent pas contre ce virus, mais qu'en revanche environ un tiers des personnes âgées ont sans doute déjà été en contact avec un virus proche, ce qui leur donne des défenses qui sont absentes chez les moins de 60 ans. Des études ultérieures devraient permettre de préciser les âges procurant les meilleures défenses contre ce virus, et donc peut-être mettre le doigt sur une première épidémie due à un virus proche de celui qui sévit actuellement.
Des leçons de la pandémie de 1918 : ce qu'il ne faut pas faire...
Un essai de John Barry publié dans Nature revient sur les erreurs faites pendant la pandémie de la grippe dite "espagnole" de 1918. Berry est l'auteur de The Great Influenza: The Epic Story of the Deadliest Plague In History. La pandémie commença en janvier 1918, et en juin 1920 elle avait fait entre 30 et 100 millions de morts (2 à 5% de la population mondiale). Les premiers mois de cette grippe sont passés plus ou moins inaperçus aux États-Unis, jusqu'à l'automne 1918. Quand arriva le mois de septembre et la véritable explosion de grippe dans ce pays, les autorités ne bougèrent pas, le président Wilson ne disant pas un mot à ce sujet. On prétendit qu'elle n'était pas grave, que ce n'était que le grippe saisonnière sous un autre nom, etc. Mais peu à peu une peur irraisonnée s'empara du pays, bloquant les mines, les usines, les chantiers navals etc. La Croix-Rouge rapportait des cas de malades mourrant de faim non par manque de nourriture mais parce que personne ne leur en apportait. Pourtant dans certaines villes telles que San Francisco, des informations pertinentes furent publiées et le pire fut évité.
Berry utilise ce rappel historique pour encourager tous les pays à partager leurs informations. L'épisode du SARS en Asie est un autre exemple : la panique ne fut évitée en Chine que lorsque le gouvernement cessa de minimiser l'épidémie pour reconnaître les faits, de même que pour les épisodes sporadiques d'apparition de la grippe dite "aviaire" due au virus H5N1. Seules des recommandations claires (rester à la maison si on est malade, porter un masque...) et des informations précises permettront à une population de suivre les conseils et de limiter les conséquences d'une grave épidémie.
Le tout bien sûr en attendant qu'un vaccin permette de protéger la population de façon encore plus efficace que tous les messages de prévention, aussi précis soient-ils.
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