mercredi 27 mai 2009

Francis Collins à la tête du NIH ?

Le blog de Nature The Great Beyond signale que le prochain patron du NIH, le "National Institutes of Health" qui supervise toute la recherche biomédicale des États-Unis, pourrait être Francis Collins. Il y a d'autres noms sur la liste qu'a le président Obama, mais il serait le favori. Il était le patron du National Human Genome Research Institute aux États-Unis jusqu’au 1er août 2008. À ce titre, il a supervisé le séquençage du génome humain, un effort titanesque qui a permis de lire une à une les 3 milliards de lettres de notre alphabet. Il faisait partie des équipes qui ont découvert les gènes affectés dans la mucoviscidose et la maladie de Huntington. Mais il a également été médecin volontaire dans un hôpital de missionnaires au Nigéria. Il est l'auteur de The Language of God et le fondateur de la BioLogos Foundation, elle-même soutenue par la fondation Templeton, deux organisations dédiées au dialogue entre foi et science. Collins se considère comme un chrétien évangéliste. Je reviendrai plus tard sur ses positions quant à la recherche sur les embryons humains car elles sont assez complexes ; pour faire court, dans un entretien de 2007, il se déclare contre l'utilisation d'embryons surnuméraires mais pour le "clonage thérapeutique". Il semble cependant aujourd'hui que le texte en discussion lui convienne, or ce texte dit juste le contraire de ce qu'il déclarait en 2007.

Voici la traduction (faite par mes soins) d’un entretien dont on trouve l’original ici.

Question : Quelle est votre expertise en génétique ?
FC : J’ai reçu une formation de physique-chimie puis je me suis intéressé à la biologie et suis devenu médecin. Ma propre expertise est la génétique des maladies humaines (…).

Question : Quelle est votre foi et votre formation religieuse ?
FC : Je n’ai pas été élevé dans une maison particulièrement religieux. J’allais à l’église, mais surtout pour apprendre la musique (…) mais je n’ai pas appris en grand-chose en théologie. Et pendant un temps, j’ai été un athée particulièrement odieux. Puis à 27 ans, après de mûres réflexions au sujet de la plausibilité de la foi, et grâce à une forte influence de CS Lewis [qui est notamment l’auteur de Narnia], j’ai été convaincu que c’était une décision que je devais prendre. Et je suis devenu par choix un chrétien, un chrétien sérieux, qui croit que la foi n’est pas quelque chose qu’on a juste le dimanche, mais que c’est ce qui donne un sens à toute chose, que c’est une part de la vie tout entière. C’est le principe organisateur le plus important de ma vie.

Question : Comme scientifique, avez-vous jamais trouvé que votre foi était en conflit avec votre travail scientifique ?
FC : Je ne pense pas qu’il y ait de problème entre ce que je crois en tant que chrétien et ce que je sais et que j’ai appris en tant que scientifique (...). Mais à moins que quelqu’un choisisse une interprétation strictement littérale du livre de la Genèse et de l’histoire de la création, en dehors de ce cas, je ne vois aucune raison pour ne pas être une personne de foi qui croit que Dieu a inspiré la Bible, et être également un scientifique rigoureux, et intellectuellement parfaitement honnête, qui n’accepte rien en ce monde naturel qui n’ait été prouvé.

Question : Ayant vous-même combiner foi religieuse et raisonnement scientifique, pourquoi pensez-vous que tant de gens aient un problème à en faire autant ?
FC : Je pense que les gens mélangent le spirituel et le naturel. Le domaine de la science est ce qui est naturel. Si vous voulez comprendre le monde naturel, et que vous ne voulez pas vous tromper, la science est ce qu’il vous faut. Vous accumulez des données, faites des hypothèses, arrivez à des conclusions, exposez vos idées aux critiques des autres, et vous décidez finalement ce qui est vrai.
Le monde spirituel n’est pas un monde où la science « marche » (…)

Question : Pensez-vous qu’il est important pour les croyants de s’y connaître en science et de se tenir au courant ?
Je pense qu’il est essentiel qu’il y ait un dialogue entre les personnes qui ont la foi et les scientifiques. Et dans l’idéal, ce serait bien que certains soient à la fois croyants et scientifiques (…) Pour moi, en tant que croyant, le moment où on fait une découverte à une dimension supplémentaire. C’est de réaliser, de savoir quelque chose que jusque là personne ne savait, personne sauf Dieu (...) [Par exemple] il y a une complexité et une élégance dans la nature de la biologie en particulier en ce qui concerne la capacité de l’ADN à stocker l’information, qui est plutôt impressionnante. Et si, d'une certaine façon, ces instants de découverte pouvaient aussi devenir des moments d’admiration, et d’appréciation de l'incroyable complexité et beauté de la biologie, du monde, de la vie. Et, par conséquent, une reconnaissance de Dieu comme le créateur.
(…)

Question : Pensez-vous que les croyants peuvent jouer un rôle dans les choix de la direction à prendre dans la recherche en génétique ?
FC : Je pense que les croyant ont un rôle essentiel à jouer pour prendre des décisions, et contribuer au dialogue sur ce qui constitue une utilisation éthique de la génétique et ce qui ne l’est pas. Les scientifiques ne sont certainement pas les seuls à pouvoir faire cela (…) Ils peuvent vous dire les faits. Ils peuvent vous dire ce qui peut être fait et ce qui ne le peut pas (…) Mais quand vient le moment de décider de ce qui sera fait, les scientifiques à eux seuls sont dans une très mauvaise position pour prendre ces décisions. Il faut un débat général, et je pense que les croyants ont un rôle essentiel à jouer dans un tel contexte (…)

Question : Vous pensez bien sûr que les croyants doivent être mieux informés des problématiques scientifiques, afin qu’ils puissent s’impliquer dans les choix et la politique. Comment peut-on réunir les croyants et les scientifiques ?
FC : Il y a un proverbe dans la Bible qui dit : Ce n’est pas bon d’avoir le zèle sans la connaissance. Je pense que dans les débats sur la génétique, il y a eu de temps en temps beaucoup de zèle, et pas assez de connaissance, des deux cotés (…) Si les croyants veulent contribuer de façon crédible à ces débats très importants, ils doivent savoir ce qui est vrai, et ce qui ne l’est pas.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci d'avoir parlé de ce scientifique et de la traduction de ses réponses à des questions malheureusement mal ficelées.
Le texte mis en gras est effectivement une phrase-clé : puisse-t-elle être méditée et mise en application.