Le dernier numéro de Nature comporte un article sur la synthèse des molécules de base de l'ARN. Une équipe de chimistes de l'Université de Manchester a réussi à démontrer qu'on peut synthétiser ces molécules avec des constituants relativement simples. L'ARN est un acide nucléique composé de quatre nucléotides, eux-mêmes constitués d'un sucre (le ribose), d'un groupement phosphate et d'une des quatre bases azotées U (uracile), C (cytidine), G (guanine) ou A (adénine). Jusque là, les chimistes n'avaient jamais réussi à associer une de ces bases au ribose. La clé du succès de l'équipe de Manchester est d'avoir d'abord synthétisée la liaison entre le ribose et la base, puis d'avoir modifié ce squelette d'atomes pour compléter le ribose et la base, et enfin ajouter le groupement phosphate. Il leur a fallu 12 ans d'effort pour obtenir un tel résultat.
Une recette pour l'apparition de l'ARN
Pourquoi parler de cette découverte ? Une hypothèse classique pour l'apparition de la vie sur terre fait appel à l'ARN qui serait la première molécule complexe d'où tout le reste découle. Or ces chimistes ont utilisé pour leurs réactions des molécules qui auraient pu être sur terre lorsque la vie est apparue, et une suite de manipulations telles que chauffage, déshydratation, irradiation, événements susceptibles de se produire sur cette planète. Après l'ARN qui se reproduit tout seul et mute (voir ici), c'est une nouvelle pierre ajoutée à l'hypothèse de l'ARN comme molécule à l'origine de la vie.
Début de la vie sur terre
Bien sûr aucun homme n'était là lorsque la vie est apparue, donc nous ne saurons jamais comment cela a eu lieu. On peut seulement faire des hypothèses et démontrer que cela aurait pu se passer ainsi. Ce qui est sûr, c'est que l'hypothèse ARN se renforce. On reste cependant encore à des années-lumière de la reconstitution d'un scénario de A à Z pour l'apparition de la vie sur terre, et nul ne peut être empêché de penser qu'il faille plus que de la chimie, même fort complexe, pour obtenir une forme de vie aussi primitive soit-elle. Mais l'espace entre le non-vivant inorganique et le vivant organique primitif s'amenuise. Cela n'empêche pas Robert Shapiro, un chimiste de l'Université de New York, d'exprimer son scepticisme dans Nature : le problème dit-il, n'est pas dans la chimie mais dans la logique qui veut que ces expériences soigneusement contrôlées dans un laboratoire moderne puissent s'être déroulées naturellement il y a très longtemps. Shapiro développe une autre hypothèse, mettant des réactions métaboliques simples en premier, avant l'apparition de l'ARN.
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