vendredi 12 décembre 2008

Ce qui est inattendu dans Dignitas personae

Pour ceux qui n'auront pas le courage de lire le message précédent dans sa totalité, voici ce qui m'a surpris ou intéressé.

Embryons congelés : aucune des solutions n'est recevable, pas même celle louable de l'adoption prénatale. "Il faut constater que les milliers d’embryons en état d’abandon traduisent une situation d’injustice qui est, de fait, irréparable (...) l’on n’aperçoit aucune issue moralement licite pour le destin humain des milliers et des milliers d’embryons ‘congelés’, qui sont et restent toujours les détenteurs des droits essentiels, et qu’il faut donc sauvegarder juridiquement comme des personnes humaines."

L'utilisation de matériel biologique obtenu de façon illicite. Il s'agit par exemple de lignées cellulaires dérivées de fœtus avortés. Ce problème est trop complexe pour être résumé ici mais je veux souligner un passage concernant les parents : "Par exemple, face au danger pour la santé des enfants, les parents peuvent autoriser l’utilisation d’un vaccin pour la préparation duquel on s’est servi de lignées cellulaires d’origine illicite, restant sauf le devoir de tous d’exprimer leur propre désaccord à ce sujet et de demander que les systèmes de santé mettent à leur disposition d’autres types de vaccins."

Les cellules iPS : ce sont les grandes absentes. Ce passage les concernent-elles ?
"Les objections éthiques soulevées par plusieurs personnes contre le clonage thérapeutique et contre l’utilisation d’embryons humains produits in vitro, ont amené des scientifiques à rechercher de nouvelles techniques, qui sont présentées comme capables de produire des cellules souches de type embryonnaire, sans que cela présuppose cependant la destruction de véritables embryons humains. Ces propositions ont suscité beaucoup d’interrogations au niveau scientifique et éthique, notamment en ce qui concerne le statut ontologique du « produit » ainsi obtenu. Tant que ces doutes ne sont pas clarifiés, on doit tenir compte de ce qu’a déjà affirmé l’Encyclique Evangelium vitae: « l'enjeu est si important que, du point de vue de l'obligation morale, la seule probabilité de se trouver en face d'une personne suffirait à justifier la plus nette interdiction de toute intervention conduisant à supprimer l'embryon humain »".
Mais une note précise : "Les nouvelles techniques de ce genre sont, par exemple : la parthénogenèse appliquée à l’homme, le transfert d’un noyau altéré (Altered Nuclear Transfer : ANT) et les techniques de reprogrammation de l’ovocyte ( l’OAR -Oocyte Assisted Reprogramming)."
Il n'y a donc pas là de condamnation explicite de la reprogrammation de cellules différenciées en cellules iPS. Mais je ne peux que penser que le doute subsiste car on prend le risque de se retrouver devant ce qui pourrait être un embryon.

Dommage pour l'inexactitude scientifique : "Au contraire, le prélèvement de cellules souches d’un embryon humain vivant cause inévitablement sa destruction et il est de ce fait gravement illicite." On sait aujourd'hui prélever une seule cellule d'un embryon de quelques jours sans affecter son développement (encore faut-il que je trouve la référence ad hoc). Cela ne remet nullement en cause la condamnation, mais la critique viendra certainement...

Addendum du 16/12 : cette référence manquante est : Klimanskaya et al, 2006, Nature, 444, 481-485. Dans cet article, les chercheurs ont généré des cellules souches embryonnaires à partir d'un seul blastomère prélevé sur un embryon humain. Cette technique est dérivée de ce qui est utilisé pour le diagnostic pré-implantatoire et de ce qui avait été fait quelques mois plus tôt chez la souris (Chung et al, 2006, Nature, 439, 216-219).

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