jeudi 4 décembre 2008

Le monde fascinant de l’ARN

Après les cellules souches et l’évolution, voici venu le temps d’introduire dans ce blog l’ARN. On en parle moins, mais c’est une révolution tranquille qui se déroule dans les laboratoires avec des découvertes qui ont bouleversé notre vision de cette molécule.
Tout le monde connaît l’ADN (acide désoxyribonucléique), la mémoire de la cellule. Avant de donner une protéine, l’ADN est transcrit en ARN (acide ribonucléique) messager. Cela est connu depuis longtemps. Ce qui a été montré ces dernières années, c’est que l’ARN, c’est beaucoup plus que ça.

L’interférence par l’ARN
Découvert progressivement chez les plantes à partir de 1990, puis confirmé chez le vers C. elegans en 1998, ainsi que la Drosophile et les cellules de Mammifères, l’interférence par l’ARN consiste à éteindre un gène en introduisant dans la cellule une séquence d’ARN double-brin complémentaire du gène en question ; ceci induit la dégradation de l’ARN messager correspondant. On peut donc cibler spécifiquement un gène afin de réduire son expression. C’est une révolution car on peut désormais étudier la fonction des gènes par extinction quasiment dans tous les organismes, et dans tous les types cellulaires. L'ARN par l'interférence a aussi une utilisation thérapeutique potentielle pour réduire l’expression d’un gène mutant par exemple, ou d’un gène surexprimé dans les cellules cancéreuses.

Les microARN
D’autres découvertes, toujours dans les années 90, ont montré l’existence de microARN. Il s’agit de mini-gènes de quelques dizaines de nucléotides qui codent donc des ARN très courts (un gène normal fait plusieurs milliers, voire millions, de nucléotides). Ceux-ci vont également agir sur l’expression des gènes mais cette fois-ci en bloquant leur traduction en protéines.

Les nouvelles fonctions de l’ARN
Ces nouvelles formes de l’ARN ont sans doute leur source dans une défense immunitaire contre les virus produisant à un moment ou à un autre de l’ARN double-brin. Chez les animaux, ils semblent cependant surtout utilisés au cours du développement ; c’est d’ailleurs ainsi qu’ils ont été découverts.
À cela s’ajoute un rôle de plus en plus évident dans le cancer. C’est même devenu très à la mode… De 7 articles en 2002, on est passé à 16 en 2003, 34 en 2004, 97 en 2005, 242 en 2006, 505 en 2007 et déjà 661 en 2008. Il est désormais clair que certains microARN sont des oncogènes, et d’autres des suppresseurs de tumeurs. Et cela en régulant l'expression d'autres gènes.

Bref, vous l’aurez compris, ces petits ARN seront de retour sur ce blog avant longtemps. Bien sûr, leur fonction est déjà étudiée dans les cellules souches...

1 commentaire:

Cœlacanthe a dit…

Ca commence à ressembler à un petit dictionnaire encyclopédique pour les nuls... mais c'est encore un peu ardu.
Merci tout de même pour eux !
Cœlacanthe